Un spécialiste a détruit, la semaine dernière à Terville, une commune située à moins de 20 kilomètres du Grand-Duché, un nid de frelons asiatiques. Le département mosellan échappait encore à la virulence de ce prédateur d’insectes pollinisateurs qui fait des ravages dans le sud de l’Hexagone. Le frelon asiatique est aux portes du Luxembourg. Une très mauvaise nouvelle.
L’information sera officialisée dans les prochaines heures par le museum national d’Histoire naturelle, autorité compétente en la matière. Une validation administrative de pure forme. Parce que ce n’est déjà plus un secret. La préfecture et la direction départementale de la protection des populations sont prévenues depuis mercredi : le frelon asiatique est en Moselle.
Un nid a été détruit la semaine dernière, chez un particulier, à Terville. Spécialiste de la destruction des nids de guêpes et de frelons, formé aux hyménoptères, Manu Coelho n’a pas eu le moindre doute en récupérant un premier spécimen mort. Le corps noir et les pattes jaunes sont caractéristiques du Vespa Velutina. Le frelon européen est plus grand, beaucoup plus jaune, physiquement plus proche de sa cousine la guêpe.
Il n’a pas de prédateur naturel
Le tueur de frelons a alerté les services compétents. Et certains apiculteurs. Si pour l’homme, le frelon asiatique n’est pas plus dangereux que l’autre – quoique plus agressif à l’approche de son nid d’après certaines littératures –, cette bestiole représente un vrai danger pour l’équilibre naturel d’un territoire.
« C’était une menace. Maintenant, c’est une réalité », soupire à regret un apiculteur. Une réalité qu’il va falloir gérer et combattre sous peine de voir des colonies d’abeilles disparaître. Apparu dans le Sud-Ouest de la France en 2004, le frelon asiatique, arrivé par bateau en même temps que des poteries, a déjà colonisé les trois quarts du territoire français. Il fait des ravages partout où il passe.
Les abeilles représentent un mets succulent pour les adultes qui attaquent les essaims ou les ruches de façon individuelle. Ou parfois en bande. « En vol stationnaire devant la ruche, il attrape la première abeille qui passe », décrit Manu Coelho. « Il la tue d’un coup de mandibule et la dépèce pour ramener l’abdomen aux larves, dans le nid. » À plusieurs, ils n’hésitent pas à rentrer dans la ruche pour accéder au miel et au nectar.
« C’est un prédateur de l’abeille et, de façon générale, de tous les insectes pollinisateurs », indique Albert Becker, président de la fédération des apiculteurs de Moselle. « Il y a péril en la demeure. » En Asie, les abeilles ont su s’adapter face à la menace. En s’agglutinant par exemple autour de leur agresseur pour le faire chauffer à une température à laquelle le frelon ne peut pas résister. « Mais nos abeilles ne sont pas préparées à ça… » En Europe, on n’a pas encore trouvé de prédateur naturel.
L’information va désormais être diffusée largement au monde apicole afin de demander une surveillance accrue autour des ruchers. Les nids de frelons asiatiques sont repérables parce qu’imposants. Ces boules de papier grises peuvent atteindre jusqu’à 1,50 m de circonférence. L’entrée du nid se trouve sur le côté. « Lorsqu’on en voit un, il faut le signaler tout de suite », conseille Manu Coelho. Une fois arrivée à maturité, une colonie de frelons asiatiques peut compter jusqu’à 40 000 membres…
Kevin Grethen (Le Républicain lorrain)