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L’armée à la rescousse des médecins dans le Grand Est


Comme l’avait annoncé Emmanuel Macron lundi soir, l’armée va prêter main forte aux hôpitaux alsaciens. (Photo DR)

Six patients de l’hôpital de Mulhouse contaminés par le coronavirus seront évacués mercredi par avion militaire, une première alors que les unités de réanimation sont déjà « saturées ».

L’évacuation de ces malades aura lieu mercredi vers Toulon (Var) à bord d’un quadrimoteur du Service de santé des armées (SSA) équipé de « six cellules de réanimation », a indiqué mardi le Dr Marc Noizet, chef du service des urgences de l’hôpital haut-rhinois, soumis à très rude épreuve depuis le début de la crise du coronavirus.

C’est un « dispositif d’exception », « je pense que c’est la première en France, je ne connais pas de situation sanitaire qui ait nécessité qu’on déplace (autant de) malades de réanimation d’un bout à l’autre de la région et de la France », a souligné le Dr Noizet dont neuf patients ont d’ores et déjà été évacués mardi par des hélicoptères civils vers des hôpitaux voisins moins engorgés.

La décision de faire intervenir un avion militaire a été « prise (lundi) soir » par le gouvernement, a-t-il précisé, alors que le ministère des Armées avait évoqué le déploiement du module de réanimation « Morphée » permettant de transporter « entre six et douze patients ».

« Phénomène inédit »

Un appui de l’armée qui précède le déploiement prochain en Alsace, annoncé lundi soir par Emmanuel Macron, d’un hôpital militaire de campagne qui, selon le ministère des Armées, disposera de 30 lits de réanimation. La date et lieu de son installation n’ont cependant toujours pas encore été précisés.

Ces décisions s’inscrivent dans une situation de crise sanitaire pour le Haut-Rhin: foyer majeur de la maladie depuis un grand rassemblement évangélique fin février à Mulhouse, le département a déjà enregistré 688 cas de coronavirus et 30 décès. Avec « un nombre de personnes contaminées qui ne cesse de croître chaque jour », les capacités en réanimation des hôpitaux haut-rhinois sont « saturées » et « très largement occupées dans le Bas-Rhin » voisin, les deux départements du Grand Est les plus touchés par l’épidémie, a prévenu mardi matin sur France Inter la préfète du Grand Est, Josiane Chevalier.

« Un bilan lourd et alarmant »

Un constat confirmé par les derniers chiffres de l’Agence régionale de santé (ARS): avec 1 543 personnes infectées par le Covid-19 et 51 décès, la région est l’une des plus touchées de France, où selon le dernier bilan, 6 633 cas et 148 décès ont été enregistrés.

Si les hôpitaux du Haut-Rhin sont proches de la rupture, la situation se complique également dans le Bas-Rhin voisin, avec 354 cas de Covid-19 confirmés : 160 sont hospitalisés à Strasbourg, dont 61 sont en réanimation, a indiqué à l’AFP Christophe Gautier, directeur général des Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS). Douze décès liés au coronavirus ont endeuillé l’établissement, selon Christophe Gautier. « Nous sommes face à un phénomène inédit qui amène un besoin en réanimation important », notamment en « réanimation lourde », a-t-il souligné.

« Le bilan est lourd » et « alarmant », a confirmé Josiane Chevalier à l’AFP. Les hôpitaux alsaciens manquent de lits, de masques, de respirateurs et de personnel, a averti la préfète. « Les rassemblements familiaux, amicaux doivent cesser », a-t-elle encore martelé, au lendemain de l’annonce par le président Emmanuel Macron d’une mesure de confinement généralisée de la population française.

L’épidémie gagne du terrain en Moselle

« On est parti sur au moins deux semaines de confinement » afin de « bloquer la circulation du virus », a précisé mardi sur France Inter le ministre de la Santé Olivier Véran.

« C’est une situation de guerre sanitaire », a estimé Josiane Chevalier. Car partout ailleurs dans le Grand Est, l’épidémie gagne du terrain, notamment en Moselle, où 222 personnes sont infectées, selon l’ARS.

« C’est de la médecine de catastrophe », a témoigné le Dr Emmanuelle Seris, cheffe des urgences de Sarreguemines (Moselle) elle-même contaminée par le Covid-19 et confinée chez elle depuis trois jours.

Une situation compliquée encore par les arrêts maladie des soignants qui, à l’image d’Emmanuelle Seris, sont infectés par un virus dont les premiers symptômes, parfois proches d’une pharyngite, peuvent même tromper les professionnels de santé, a-t-elle relevé.

À Strasbourg, « 111 membres du personnel » sont actuellement contaminés, un chiffre « qui progressera », même si « on n’est pas sur une contamination massive de nos équipes », a relativisé Christophe Gautier.

AFP/LQ