Rien n’échappe à son œil. Avec Lapi, les gendarmes peuvent compter sur un outil fiable capable d’identifier les plaques de véhicules suspects. L’arme n’est pas nouvelle, mais elle remplit toujours son office.
La voiture est sérigraphiée « gendarmerie ». Impossible de la louper. Pourtant, ce véhicule-là n’est pas comme les autres. À bord, un dispositif à la technologie dernier cri, capable avec ses caméras embarquées de repérer bien des choses. Cette aide précieuse pour les gendarmes s’appelle Lapi (lecture automatique de plaques d’immatriculation). « Un outil de lecture embarquée qui a une vocation surtout judiciaire », relève le commandant Hugo Dorlin. Mais avant tout un programme de surveillance commun à la police, la gendarmerie et les douanes, créé en 2010 pour répondre aux objectifs de l’article 8 de la loi du 23 janvier 2006 relative à la lutte contre le terrorisme.
Ce jeudi 2 mars, nous avons pu constater l’efficacité du dispositif, en immersion avec une patrouille.
Comment ça marche ?
Lapi fonctionne grâce à des caméras vidéo installées au niveau de la rampe des feux installés sur le toit de la voiture, et au niveau du pare-brise avant. Grâce à ces yeux, un logiciel est capable de capter et lire instantanément les plaques d’immatriculation de tous les véhicules (voitures, camions, motos), français et étrangers, passant dans leur champ de vision, de jour comme de nuit, de les comparer en temps réel au Fichier des véhicules volés et signalés (FVV) et au système d’information Schengen (SIS). Et de générer une « alerte » lorsqu’un rapprochement positif est effectué. Il est aussi capable d’enregistrer et stocker une image de la plaque d’immatriculation et une image plus large des mêmes véhicules comportant la photographie des occupants, en même temps que la date et l’heure de chaque photographie et les coordonnées de géolocalisation du véhicule de prise de vues.
Un système, trois objectifs
Lapi a été conçu pour répondre à trois objectifs : la prévention et la répression du terrorisme ; la répression de certaines infractions (criminalité organisée, vols de véhicules et recels, infractions douanières et financières) ; la préservation de l’ordre public à l’occasion d’événements particuliers ou de grands rassemblements. « Le fichier des plaques est mis à jour régulièrement » indique le commandant Dorlin.
Ça matche !
Dans les rues visitées ce jeudi, l’écran de contrôle a su comme à son habitude détecter toutes les plaques avec une précision remarquable. « L’outil n’est pas infaillible, l’intervention de l’homme est parfois nécessaire », relativise un des membres de la patrouille. Dans ce parking à Uckange pourtant, Lapi a pu en un temps record scanner tous les véhicules, un défi que n’aurait pas su relever un être humain. À un jet de pierre de là, cette Peugeot a attiré l’attention de la tablette. « Ce véhicule fait l’objet d’une surveillance », annonce à haute voix l’ordinateur. Pas de conducteur dans les environs. Cette fois, les militaires ne procéderont pas à une interpellation. L’événement sera consigné et pourra ainsi plus tard compléter l’enquête.
Emmanuel Correia