L’affaire de parachutage de colis au sein de Metz-Queuleu tourne en rond. La présidente a ordonné vendredi l’ouverture d’une information pour retrouver la vidéo où l’on voit le lancer de kebabs. Et l’interpellation policière.
Décidément, rien n’est simple dans cette affaire pourtant si banale de lancer de projectiles au-dessus des hauts murs de la maison d’arrêt de Metz-Queuleu. Les faits sont reconnus par les deux intéressés. Ils ont été filmés et interpellés par la police dans la foulée, le 27 septembre dernier. Ils jurent avoir lancé deux kebabs en échange de 50 € chacun.
Alors quoi ? Alors les images captées par les caméras de vidéosurveillance ont été au cœur, vendredi soir, d’une rocambolesque audience devant le tribunal correctionnel. « Vous avez sans doute vu la vidéo. J’ai fait des captures d’écran pour montrer au tribunal les conditions d’interpellation de mes clients », débute Me Nicolas Fiorani. L’avocat fonde sa demande de nullité de la procédure, et donc la relaxe, sur trois arguments : « Les violences policières commises à l’encontre de mes clients avec la poubelle qui leur a été lancée dessus. Je conteste ensuite le PV d’interpellation qui est faux et enfin les fausses déclarations des policiers. Cela fait beaucoup pour un si petit dossier. »
La vidéo au cœur des débats
L’avocat de la défense estime que les policiers ont « caché la réalité de l’interpellation en indiquant avoir placé la poubelle sur la voie de circulation et s’être abrités derrière. Or, ce n’est pas ce qu’on voit sur la vidéo. On a jeté le container sur le scooter. » Avec des séquelles physiques : le pilote du scooter a subi une luxation d’un doigt. Une broche placée dans l’avant-bras est ressortie, façon fracture ouverte. « Il a passé 48 heures de garde à vue dans cet état. Ça me laisse songeur… Ce sont des violences policières, reprend le pénaliste. Il y a une atteinte à l’intégrité de mes clients. » C’est peut-être une question d’angle de caméra. Et l’avocat ne s’attarde guère sur le scooter qui ne s’est pas arrêté devant le premier policier en manquant de le percuter.
L’un des assesseurs intervient : « C’est bien joli les captures d’écran, maître, mais pourquoi ne pas nous montrer la vidéo ? On ne voit rien sur les images.
– J’avais demandé à la dernière audience que l’on puisse visionner la vidéo, répond l’avocat.
– Mais je n’ai rien vu dans la procédure, pas de CD. Elle est où, cette vidéo ? », intervient la présidente, Patricia Pomonti.
– Sur le site du Républicain Lorrain , je peux vous la montrer sur mon portable si vous voulez », lance un prévenu vite remis à sa place.
Lorsqu’il prend la parole, le ministère public est mal à l’aise. « Je tiens d’abord à dire que ce qui a été rapporté à l’époque à la permanence du parquet correspond au PV d’interpellation. Il est évident qu’aujourd’hui, à la vue de la vidéo, on peut s’interroger sur les conditions d’arrestation, admet Hadrien Baron. Un autre PV fait néanmoins référence au fait que le scooter ne s’est pas arrêté et qu’on a poussé la poubelle pour le stopper. On se rapproche de la vérité, je crois. »
La présidente Pomonti veut en avoir le cœur net et ordonne, au bout de la nuit, une ouverture d’information pour retrouver cette fameuse vidéo. Cette affaire si banale est loin d’être terminée. L’Inspection générale des services de la police nationale a été saisie par le procureur pour faire la lumière sur le dossier et découvrir comment les images ont été dévoilées par Le Républicain Lorrain. Les deux prévenus ont aussi porté plainte à l’encontre des policiers.
Pour la petite histoire, le parquet avait requis une peine d’amende contre l’un et une peine de deux mois avec sursis pour l’autre…
Kevin Grethen (Le Républicain lorrain)