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La route tue davantage en Moselle


Vitesse excessive, refus de priorité et ceinture de sécurité non attachée sont souvent à l'origine des accidents mortels. (photo RL)

Moins d’accidents, moins de blessés, mais des collisions plus violentes. Voilà la réalité des routes lorraines. La Lorraine a payé un lourd tribut à la route, de janvier à mai 2015. Alors que le nombre d’accidents recule en Moselle et dans les Vosges, celui des tués grimpe. La Meurthe-et-Moselle souffle, après un début 2015 catastrophique.

Le relâchement se confirme. Avec un nombre de tués en baisse de 7 % en 2015, des blessés (-6,8  %) et des accidents en recul (-4,4  %), les autorités pourraient être satisfaites du bilan routier en Lorraine sur les cinq premiers mois de l’année. Malheureusement, ces statistiques sont trompeuses  : le seul département de Meurthe-et-Moselle  –  8 morts en 2015 contre 22 en 2014 –  biaise littéralement le constat chiffré. En Moselle (+22,2  %), dans les Vosges (+35,7 %) et dans la Meuse (+33 %), préfectures, police et gendarmerie sont a contrario sur le pied de guerre pour tenter de limiter les dégâts, à la veille des grandes –  et souvent dramatiques  – transhumances estivales.

Fautes de conduite

Moins d’accidents, moins de blessés mais des collisions plus violentes et mortelles, voilà la réalité en Moselle et dans les Vosges. « Quatre accidents ont chacun provoqué deux tués. Du jamais vu. D’où ce mauvais bilan de 14 morts à fin mai », tranche Fayçal Douhane, directeur de cabinet du préfet des Vosges. Vitesse excessive (6 morts sur 14), refus de priorité (5 sur 14) et ceinture de sécurité non attachée (3 sur 14) contribuent à l’impression « de net relâchement des automobilistes », constaté depuis l’an passé. Pour la première fois depuis douze ans, le nombre de morts a augmenté en France en 2014 (4  %). Dans le Grand-Est, les cinq premiers mois avaient été ravageurs (185 morts en 2014 contre 156 en 2013).

« Nous ne sommes pas dans les clous pour atteindre notre objectif cible fixé par le ministère (NDLR  : dans la perspective d’atteindre 2  000 morts en 2020), qui est de 39 morts en 2015 », avoue Élise Bas, directrice de cabinet du préfet de Moselle, et de Région, Nacer Meddah. La prise de risques est pour l’instant le facteur numéro 1 en Moselle pour expliquer cette mauvaise pente que l’État tente de contrarier en multipliant les gros dispositifs de contrôle. « Sur les quatre morts imputables à l’alcool, le taux moyen relevé est très important  : 2,62 g/l de sang! », s’inquiète Élise Bas. Au total, les fautes de conduite sont en cause dans 11 des 18 décès survenus sur le réseau routier du département. Les poids lourds sont impliqués dans sept des seize accidents mortels. « Mais un seul a été responsable de l’accident », précise la représentante du préfet, en charge de la sécurité routière.

Inquiétude dans la Meuse

Parmi les terribles collisions qui ont marqué les esprits depuis janvier, celui du 25 avril sort du lot, avec la mort de deux jeunes à scooter de 18 et 16 ans sur l’A31, percutés par un camion. Ils roulaient tous feux éteints entre la station-service de Saint-Rémy et la sortie Woippy.

La cote d’alerte est également dépassée dans la Meuse. Davantage de morts, d’accidents, de blessés graves. «Le nombre d’accidents corporels a doublé et celui des blessés hospitalisés a triplé, déplore-t-on au cabinet du préfet, alors que les forces de l’ordre n’ont pas baissé la garde.»

À Nancy, Michel Prozic se refuse justement à réduire la pression sur les automobilistes malgré un très bon début 2015. « Un mort est toujours un mort de trop , tempère le directeur de cabinet du préfet de Meurthe-et-Moselle, mais c’est vrai que la tendance est positive depuis l’été 2014. » L’État avait alors mis en branle un plan d’urgence alliant prévention et répression pour contrer l’hécatombe en cours dans le département, après 22 décès entre janvier et mai.

Alain Morvan (Le Républicain lorrain)