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La fourrière de Metz va passer au privé


La fourrière est, aujourd’hui, un service assuré par la Ville de Metz. Sous-dimensionné, il ne "permet pas de répondre aux besoins", selon le maire, Dominique Gros. (Photo : RL)

La Ville de Metz veut déléguer sa fourrière à une entreprise privée qui se chargera de l’agrandir et de la gérer. Un transfert qui pose souci au conseiller municipal d’opposition Emmanuel Lebeau.

Il dénonce une nouvelle marchandisation du service public. Voici la lecture que le conseiller municipal d’opposition DVD Emmanuel Lebeau fait de l’intention de la Ville de Metz de confier à un groupe privé la gestion de sa fourrière. Depuis 1976, ce service est municipal. C’est-à-dire que la Ville, sur ses deniers, s’occupe de l’enlèvement des voitures gênantes et les stocke en attendant leur propriétaire sur un parking situé rue Dreyfus-Dupont, pas loin du quartier de La Patrotte.

Obsolète

Cette aire de stationnement d’une superficie de 2 512 m², peut accueillir 120 véhicules et dispose de 30 places sous abri pour les deux-roues. Avec le temps, cette capacité est devenue insuffisante d’autant qu’en plus de Metz, les services de la fourrière communale s’étendent à neuf autres localités de la couronne : Le Ban-Saint-Martin, Longeville-lès-Metz, Marly, Montigny-lès-Metz, Moulins-lès-Metz, Scy-Chazelles, Saint-Julien-lès-Metz et Woippy.

Saturée et déficitaire de quelque 50 000 € par an, dotée de camions vieillissants, la fourrière friserait l’obsolescence et ne parviendrait plus à remplir ses missions. C’est pour toutes ces raisons que, plutôt que d’y réinjecter de l’argent public d’ici 2018, la municipalité a préféré faire appel à un investisseur extérieur. Ce projet de délégation de service public sera soumis à l’approbation du conseil municipal jeudi.

Faire du chiffre ?

Ce que craint Emmanuel Lebeau, c’est que la collectivité perde la main sur ce service et que la population se retrouve à devoir composer avec un concessionnaire contraint de rentabiliser son investissement. Comptable de métier, l’élu estime que, si le délégataire veut rentabiliser un engagement financier évalué à 600 000 € (combler le déficit chronique de 50 000 €, doubler la capacité de la fourrière pour atteindre 280 places et acheter deux nouveaux transporteurs), « il faudra pour arriver à l’équilibre doubler le nombre de véhicules mis à la fourrière : c’est-à-dire passer de 1 800 à 3 600 véhicules mis par an ». Et ce, se basant sur le « coût d’enlèvement actuel de 95 €, facturé à l’automobiliste » qui, légalement, pourrait être amené à 116,81 €.

Boom des enlèvements

« Si on privatise, il y aura forcément du changement, observe Emmanuel Lebeau. Un investisseur n’est pas un philanthrope, il a une obligation de résultat. Il va devoir faire du chiffre. Les Messins vont le sentir passer… »

Pas tant que ça…

Pas tant que ça d’après le maire de Metz, qui s’est défendu, hier, lors de sa conférence de presse de pré-conseil municipal, de vouloir durcir la répression via des opérateurs privés : « Il n’y aura pas de course à l’argent parce que nous resterons les patrons. Aujourd’hui, la fourrière est incapable de répondre à la demande des citoyens. On n’a plus suffisamment de places. On n’assure plus le service public. Donc, il faut trouver une solution dont le but n’est pas d’embêter les automobilistes, mais d’assurer la mission de service public. On n’enlève pas les voitures pour gagner de l’argent, mais parce qu’elles gênent les gens. Et c’est la police municipale qui constate le délit de stationnement, pas la fourrière. C’est donc la Ville qui continuera à donner les instructions. » Après le stationnement, la fourrière tout de même. Échéance, cette année.

Thierry Fedrigo (Le Républicain Lorrain)