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La centrale de Cattenom met le cap sur ses 50 ans


La campagne de la Grande Région n'a pas fini de voir, au loin, les vapeurs d'eau de la centrale de Cattenom. (photo archives LQ)

Inauguré en 1986, le réacteur 1 de la centrale nucléaire de Cattenom, en France, doit être arrêté cette année pour sa visite décennale. Et pour se projeter vers l’avenir. La centrale, qui produit 8% de l’électricité en France, multiplie les investissements.

C’est le genre d’annonce qui doit faire rire jaune, au Luxembourg. Le Grand-Duché, qui n’a de cesse de demander l’arrêt des centrales nucléaires qui l’encerclent, devra sans doute patienter pour voir les vapeurs de Cattenom s’envoler une dernière fois. Car la septième centrale la plus puissante au monde ne semble pas devoir s’épuiser, bien au contraire. Elle ne cesse de se moderniser afin de franchir le cap des 40 ans, en 2026 pour la première unité de production, et en 2031 pour la quatrième.

Si le directeur, Guy Catrix, ne peut pas se prononcer sur l’avenir de sa centrale, les autorités françaises font tout pour ne pas avoir à gérer un nouveau Fessenheim, la centrale alsacienne exploitée depuis 1978 et qui arrive en fin de vie. « La loi de programmation énergétique est de la compétence des gouvernements et EDF s’y plie », tient-il seulement à préciser.

Électricité de France, qui a racheté fin janvier le pôle réacteurs et services d’Areva, ne semble pas prêt à arrêter le nucléaire. Et comme EDF est une entreprise publique… Dernière preuve en date, le plan d’investissement de 55  milliards d’euros pour les 58  réacteurs nucléaires français, qui vise à rénover et moderniser le parc.

Trois arrêts en 2016

« L’année 2016 est particulièrement chargée, avec des arrêts par tranche qui vont nous occuper jusqu’au mois de décembre », note Guy Catrix. Le gros du travail sera effectué sur l’unité numéro  1, qui fête ses 30  ans et sera mise à l’arrêt de mai à octobre. L’année prochaine, l’unité numéro  2 sera en visite décennale, puis la numéro  3 en 2020, et la numéro  4 en 2021. « Notre projet industriel, c’est d’aller au-delà des 40  ans d’exploitation », continue le dirigeant.

Ce «grand carénage», comme l’appellent les experts qui empruntent au lexique maritime, va permettre de moderniser la salle de commande de l’unité numéro  1, d’inspecter la cuve du réacteur et de contrôler l’étanchéité du bâtiment réacteur. Un test important pour les dix ans à venir. Et sans doute davantage. Rien d’officiel, mais on n’engage pas de tels travaux sans avoir une idée précise de la rentabilité à court ou moyen terme. En 2014, Henri Proglio, alors président d’EDF, avait conditionné le «grand carénage» à la prolongation de la durée de vie des centrales. Dont acte.

Le gouvernement français a réitéré à plusieurs reprises sa volonté de réduire de 75 à 50  % la part de l’énergie nucléaire dans la production électrique française à l’horizon 2025. Encore faut-il avoir des alternatives.

Le budget d’investissements, qui passe de 85  millions d’euros en 2015 à 200 pour 2016 à Cattenom, est à l’image de l’effort consenti par EDF pour moderniser et sécuriser son parc.

Avec cinq événements significatifs sûreté de niveau 1 et 32 de niveau 0, sur une échelle de 7, signalés en 2015, la sécurité ne cesse de progresser. « Aujourd’hui, les salariés peuvent venir travailler en bleu de travail, alors qu’ils devaient porter des combinaisons par le passé », se souvient Guy Catrix. Suffisant pour le Luxembourg et la Sarre?

Pour le dirigeant, sans aucun doute. « J’invite mes amis luxembourgeois à venir visiter Cattenom pour qu’ils soient totalement rassurés », garantit-il. Ils devraient avoir l’occasion de répondre à l’invitation, car Cattenom n’a pas fini de produire de l’électricité. En 2015, elle a fourni 8  % de la production nationale d’EDF, soit 36,8  milliards de kWh. Autant dire qu’elle est indispensable à la France tant que les énergies propres n’auront pas pris le relais.

Christophe Chohin