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La carte grise au nom de sa fille… de 9 ans


illustration archives RL

« Une bière forte. » Une grande. C’est ce qu’aurait descendu Ryad dans la foulée du match Belgique-Italie, le 13 juin. Mais ce n’est peut-être pas suffisant pour expliquer ses difficiles tentatives pour se garer dans une rue de Rombas sur les coups de trois heures du matin…

La manœuvre est si délicate qu’elle attire l’attention de la police d’Hagondange qui devra se contenter de son haleine fleurie, de ses propos incohérents et de la couleur verte de l’éthylotest pour estimer son degré d’imprégnation. Parce qu’après plusieurs heures de dégrisement, le conducteur refuse toujours de souffler. Une incrimination que l’accusation ajoute à l’ivresse manifeste jugée mercredi après-midi en comparution immédiate.

Une audience où le parquet retient « l’attitude de fuite » du prévenu de bientôt 30 ans. Elle ne tient pas qu’à son apnée devant la machine qui aurait trahi un taux délictuel. Elle est aussi symbolique dans sa façon de marmonner des regrets devant le tribunal avec une voix si faible que la présidente est obligée de lui demander de parler plus fort. Elle est plus évidente encore quand Ryad affirme ne boire que ponctuellement alors que son casier est culotté comme une vieille pipe de délits routiers teintés de stups et d’alcoolémies, dont deux en mai et juin 2015 au Luxembourg alors qu’il est sous le coup d’une mise à l’épreuve en France. La cerise sur le gâteau reste la carte grise de sa voiture établie au nom de sa fille de 9 ans, l’aînée de ses trois enfants. C’est « par rapport aux radars », explique Ryad. « Il y a une petite volonté de se soustraire au fisc et à la police », analyse le procureur Caroline Dumain qui veut huit mois ferme et la confiscation de la voiture emballés dans un mandat de dépôt.

La sanction « n’est pas proportionnée » ni « adaptée à sa personnalité », défend Me Mikaël Saunier qui veut éloigner l’incarcération de son client pour sauver son job stable depuis deux ans au Luxembourg. L’avocat est entendu. Ryad écope d’un an d’emprisonnement dont six mois avec sursis et mise à l’épreuve, un placement sous bracelet électronique, une interdiction de fréquenter les bistros, la confiscation de la voiture, l’annulation du permis et l’interdiction de le passer à nouveau avant six mois.

Frédéric Clausse (Le Républicain Lorrain)