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Jarny : piégée par les flammes, une famille se défenestre


Pris au piège par les flammes, cinq membres d’une famille se sont défenestrés depuis le 2e étage. Trois sont gravement blessés. (Photo RL/Fred Lecocq)

La nuit dernière, peu après minuit, un incendie s’est déclaré dans un immeuble de l’avenue Jaurès à Jarny. Pris au piège par les flammes, cinq membres d’une famille se sont défenestrés depuis le 2e étage. Trois sont gravement blessés. Un voisin a réussi à rattraper dans ses bras une fillette de 3 ans.

Minuit trente. L’avenue Jean-Jaurès descendant vers la gare de Jarny est barrée par une douzaine de véhicules de pompiers, des Smur des hôpitaux Maillot à Briey ainsi que de Mercy : le dispositif témoigne de la gravité des faits survenus une demi-heure plus tôt.

« J’étais couchée depuis peu, j’ai entendu du bruit, des gens qui hurlaient dans la rue ! En sortant, j’ai vu cette dame qui a sauté depuis sa fenêtre. Un bruit sourd, c’était… » La propriétaire du Bar Le Lavandou à deux pas est encore sous le choc, sa voix tremblote. Plus loin, un jeune homme qui habite en face a tout vu : « j’ai d’abord entendu des cris, puis aperçu de la fumée qui s’échappait du bas de l’immeuble, j’ai appelé les pompiers ! »

Plusieurs personnes accourent dans la rue. Un locataire habitant au premier étage réussit à descendre depuis une fenêtre de son appartement avec l’aide de voisins, mais pour la famille résidant au 2e, la hauteur semble trop importante. Seulement voilà, le feu fait rage dans la cage d’escalier et se propage aux logements ; les locataires se retrouvent prisonniers de l’immeuble situé au 21 et 21 bis de l’avenue Jean-Jaurès.

La fillette rattrapée par des voisins, la mère héliportée

La fillette de 3 ans a pu être rattrapée par des voisins au pied de l'immeuble en feu. (Photo RL/Fred Lecocq)

La fillette de 3 ans a pu être rattrapée par des voisins au pied de l’immeuble en feu. (Photo RL/Fred Lecocq)

Des voisins amènent en catastrophe deux matelas pour amortir une chute éventuelle. Certains cherchent une échelle… Acculés par les fumées sur le rebord d’une fenêtre, les membres de la famille décident de sauter dans le vide depuis le 2e étage. Dans la panique, les parents tentent de lâcher leur fillette de 3 ans en direction de deux jeunes hommes qui, debout sur le trottoir, tendent leurs bras. Par chance, la manœuvre réussit, la fillette ne sera que légèrement atteinte.

La maman saute à son tour. C’est elle qui est la plus touchée. Gravement blessée à la tête, la jeune femme est prise en charge par les médecins urgentistes, qui décident de l’héliporter vers le CHU de Nancy. Conditionnée dans une ambulance, elle est transportée vers le stade de football. L’hélicoptère du Samu a pu s’y poser à 3h du matin. Les services de secours n’ont pas révélé si le pronostic vital était engagé.

Deux autres enfants, un garçon de 10 ans, et une fille de 12 ans, ont à leur tour sauté dans le vide. Eux aussi, sont « gravement blessés », a indiqué le capitaine Diemer, commandant les opérations de secours. L’un a été transporté à l’hôpital Maillot, l’autre au CHR de Mercy. Dernier à avoir sauté, le père de famille n’est, lui, que légèrement touché.

« A notre arrivée, plus personne n’était présent à l’intérieur des logements, relate le capitaine Diemer, le Smur a pris en charge les blessés graves pendant que le plus rapidement possible nous éteignions l’incendie. Nous avons scindé nos équipes en deux : l’une dédiée au combat du feu, l’autre à l’assistance des blessés. En tout, 35 pompiers ont été mobilisés. »

« L’immeuble n’est plus habitable en l’état, la famille durement touchée sera relogée par la Ville », a précisé Olivier Tritz, premier adjoint au maire de Jarny, rapidement sur les lieux. Les autres locataires ont pu être hébergés par leur entourage proche. Un périmètre de sécurité a été installé par les policiers des commissariats de Conflans-Jarny et Briey. Le procureur de la République Yves Le Clair était sur place, tandis que la police scientifique a procédé aux premiers relevés dès 3 heures du matin. De nombreux policiers en civil ont recueilli plusieurs témoignages. Ils se révéleront sans doute utiles à l’enquête qui s’efforcera de faire toute la lumière sur les causes du drame.

Olivier Chaty (Le Républicain Lorrain)