L’histoire révélée par Le Républicain Lorrain a fait le tour du monde. Un Messin assure qu’une jambe amputée affichée sur les paquets de cigarettes est la sienne. Depuis, la Commission européenne a démenti. « Mais les coïncidences sont trop troublantes pour en rester là », promet son avocat.
Plutôt rétive à s’exprimer, délivrant d’abord des réponses au compte-gouttes, la Commission européenne assure désormais que la jambe amputée que l’on voit sur les paquets de cigarettes n’est pas celle d’un Messin, effaré en découvrant l’image. Celui-ci s’est reconnu lorsque son fils a ramené, durant l’été 2018, une boîte de tabac à rouler, persuadé que la photo avait été prise quelques semaines plus tôt par le corps médical lorsqu’il espérait obtenir une prothèse. « Mais ce n’est pas possible, cette image fait partie de notre banque d’images depuis 2014 », balaye l’administration européenne, qui gère ces images et les messages de prévention anti-tabac. Avocat de la famille, Antoine Fittante a « pris note de cette réponse à travers la presse. » De quoi en rester là ? « Certainement pas. »
« Malgré ce démenti, mes clients m’assurent que l’image a été prise entre mai et juin 2018. Je pense qu’ils font le rapport avec cette période parce que du jour au lendemain, alors qu’ils croyaient fort à un appareillage pour cette jambe, ils n’ont plus eu de nouvelle de l’hôpital Legouest. Et quelques semaines après, ils voient l’image sur les paquets de cigarettes. Ça me paraît naturel de faire le lien. La commission dit que ce n’est pas possible. Ok… » L’avocat messin fait une pause et sort des photos d’une pochette. « Il n’en demeure pas moins que l’homme et sa famille le reconnaissent sans aucun doute. Regardez ces images, elles datent de jeudi dernier. Il a remis les mêmes vêtements. C’est troublant de ressemblances. »
« Comment est-ce possible ? »
Me Fittante est frappé « par les cicatrices de la jambe estropiée. » Mais pas seulement. « Ce qui me marque le plus, ce sont les stigmates sur la jambe droite non amputée. Il y a des marques de brûlures en tout point identiques. Mon rôle est de rester le plus objectif possible et de comprendre. C’est aussi ce que veut la famille. Comment est-ce possible ? Si c’est un jumeau, c’est un jumeau parfait. » L’avocat en doute. « J’ai demandé à mes clients de faire travailler leur mémoire et de voir si d’autres photos ont été prises dans le passé. Cet homme de 60 ans a perdu sa jambe en 1997 dans une fusillade en Albanie. Il a dû en voir des médecins et en faire des photos en vingt ans… En 2014, il était encore dans son pays. »
L’avocat messin vient d’écrire un deuxième courrier à la Commission européenne pour « demander à être reçu. Ce Monsieur est prêt à voir un expert en physionomie. On souhaite également voir les photos originales. L’hôpital Legouest a déjà indiqué vouloir collaborer, c’est bien. Maintenant, j’attends le retour de Bruxelles. Parce que pour le moment, les réponses de la Commission ne nous suffisent pas. »
Kevin Grethen/Le Républicain Lorrain