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Islamistes expulsés de Metz : l’un des deux aurait parlé


Selon les confidences présumés d'un des suspects, les lieux de nuit messins étaient une cible. (Photo RL/Maury Golini)

Les deux Marocains de Metz expulsés la semaine passée font toujours l’objet d’une enquête préliminaire. Depuis qu’ils sont entre les mains des autorités judiciaires marocaines, l’un d’eux se serait beaucoup épanché.

C’est le parquet général de Rabat, au Maroc, qui est chargé des dossiers à caractère terroriste. C’est à lui donc que revient, depuis la semaine dernière, la délicate gestion de l’enquête sur les deux ressortissants marocains ciblés à Metz et expulsés illico presto de l’autre côté de la Méditerranée. En l’absence du magistrat, le parquet précisait lundi que «l’affaire est toujours en enquête préliminaire». Autrement dit, la garde à vue de Redouane D. et Ayyoub S., soupçonnés par les autorités judiciaires d’avoir fomenté des attentats contre leur propre pays, mais aussi contre la France et la ville de Metz, est toujours en cours.

«Pour une mise en examen, je pense que cela interviendra dans les 24 heures. Depuis les investigations réalisées par les autorités, les deux hommes ont parlé. Redouane beaucoup plus qu’Ayyoub», explique depuis Casablanca un reporter du quotidien national, l’Assabah.

C’est lui, spécialiste de la politique internationale et plus particulièrement des relations entre la France et le Maroc, et son journal qui ont été à maintes reprises cités par l’ensemble de la presse du royaume puis par l’AFP en fin de semaine dernière.

Ses contacts – «privés» précise-t-il – au sein de la cellule de communication de la sûreté nationale dépendante du ministère de l’Intérieur ont visiblement fait de lui une oreille privilégiée s’agissant du dossier des deux ressortissants venus de Metz. «C’est le seul contact pour nous. Lorsqu’un dossier est maîtrisé et que le ministère de l’Intérieur donne son autorisation, alors on nous communique des éléments sur les dépositions.»

«Cibler les lieux des fêtards»

Des éléments en langue arabe que le reporter nous traduit. Le jeune Marocain de 26 ans, fiché S, aurait fait d’importantes révélations aux les policiers qui l’ont longuement interrogé. Le reporter rapporte ce qu’il a écrit dans ses articles. «Redouane explique que lui et Ayyoub ont fait leurs études à Metz après un baccalauréat passé au Maroc. Redouane dit avoir fait la connaissance, dans une gare à Paris, d’un facilitateur de Daech qui l’a mis en relation avec l’organisation. Qu’on lui a demandé de cibler les lieux des fêtards à Metz qui organisent des soirées arrosées dans le milieu homosexuel. Que Daech l’aiderait à avoir des armes pour les attaques.» Les noms de deux établissements en particulier sont lâchés.

Le Maroc n’était pas moins visé, selon les informations réunies par le reporter. «Il fallait qu’il cible les symboles de l’État qui fait la chasse aux islamistes. Les services de sécurité ainsi que les lieux où le tourisme est important.» Rien, en revanche, sur les moyens logistiques qui auraient pu permettre au duo de passer des intentions de nuire à la pratique. Le second Marocain, âgé de 19 ans, serait lui, resté plus discret. «Il a dit s’être radicalisé depuis les attentats à Paris. Il était en France depuis un an environ et il a rencontré Redouane à Metz. Ils sont devenus amis.»

Les deux hommes avaient été ciblés, il y a plus d’une semaine, dans deux appartements voisins de la rue de Paris à Metz, qu’un pont de pierre relie au campus du Saulcy. L’inquiétude de riverains interpellés par d’importantes allées et venues d’hommes convergeant toutes vers les appartements des deux ressortissants avait fini par résonner jusqu’au commissariat de police. Un arrêté d’expulsion ministériel (une procédure strictement administrative) avait été émis immédiatement, faisant des deux individus des persona non grata sur le sol français.

Quant à d’éventuelles armes dont auraient pu disposer les deux étudiants pour commettre leurs intentions criminelles telles que décrites aux policiers marocains, il n’est pas confirmé qu’un attirail létal quelconque a été retrouvé au domicile des deux étudiants. L’inverse aurait déclenché une procédure pénale en Moselle.

Saada Sebaoui (Le Républicain Lorrain)

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