Jriou Sadok est mort mercredi soir dans l’incendie de sa maison à Villerupt. Il n’avait ni gaz, ni électricité. Dans le voisinage, on ne comprend pas pourquoi cet homme bien connu vivait dans un tel dénuement.
Mercredi, peu avant 18h, la voisine de Jriou Sadok, Christiane Beghin, remarque l’intense fumée s’échappant de la petite maison de la cité Pouyer-Quertier. « La porte était ouverte. J’ai pénétré dans l’habitation. J’ai essayé d’aller à l’étage, mais je n’ai pas pu. » Elle appelle donc les sapeurs-pompiers qui, avec le Smur de Thionville, tenteront de réanimer Jriou Sadok, surnommé Franck, tout en ayant rapidement éteint l’incendie. Le septuagénaire, qui vivait seul, est mort peu après 19h.
« J’ai vu des bougies partout quand je suis entrée… Je suis aide à domicile. J’en ai donc croisé des situations de grande pauvreté. Mais là, c’est inhumain de vivre comme ça. Je ne comprends pas, comme tous ceux qui le connaissaient d’ailleurs. Personne ne comprend », se désole la voisine. Car le Franco-Tunisien était une petite personnalité dans la commune. Il était monteur d’échafaudages et peintre en bâtiment. Et avait un temps été videur dans des boîtes de nuit à Esch-sur-Alzette.
Il n’a jamais parlé de ses problèmes
Il était régulièrement en déplacement lorsqu’il travaillait. « Il a voyagé dans le monde entier. Il avait un salaire qu’on peut qualifier de bon. Et en retraite, il m’avait dit qu’il gagnait un peu plus de 1 000 euros. Ce n’était pas une somme énorme, mais, normalement, avec ça, on arrive à vivre. Il doit y avoir autre chose qui explique sa situation, et le fait qu’il ne bénéficiait pas d’électricité et de gaz dans sa maison », s’interroge Christiane.
Personne n’avait entendu parler de Jriou Sadok au Centre communal d’action social ni aux Restos du cœur. « Mais je crois savoir qu’il était suivi par la Maison des solidarités de Villerupt, un service d’aide du conseil départemental de Meurthe-et-Moselle. Ce qui laisserait penser qu’il connaissait des difficultés financières », complète Alain Casoni, le maire.
Christiane n’en a jamais entendu parler. « On se voyait régulièrement, quand il sortait faire ses courses par exemple. On parlait de la météo, de tout, de rien. C’était quelqu’un de très souriant, très poli, très gentil. Jamais il ne m’a parlé de ses problèmes. On a de bons liens entre voisins. On l’aurait aidé sans discussion possible. »
La dame comprend donc les réactions des habitants, que ce soit dans la rue ou sur les réseaux sociaux. Mais la vie de la victime reste pour elle une énigme. Une autopsie, commandée par le parquet de Briey, devait être pratiquée ce vendredi.
Le Républicain Lorrain