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Implantation de Mere : Pierre Cuny s’y oppose, pas de réaction du côté russe


Le site de l’ancien Leader Price, boucle des Ferronniers, à Thionville, devait accueillir le discounter russe Mere. Photo RL /Armand FLOHR

Thionville devait être l’une des trois portes d’entrée, en France, du discounter russe Mere. Opposé à cette implantation sur fond de guerre en Ukraine, le maire Pierre Cuny, dispose-t-il des armes pour contrecarrer les desseins de ses dirigeants ? Aura-t-il d’ailleurs vraiment besoin d’aller au front ?

«Au regard des évènements dramatiques qui se déroulent en Ukraine depuis le lancement d’opérations militaires par le Président russe Vladimir Poutine, je m’oppose fermement à cette implantation.»

Convenons-en : l’annonce du maire Pierre Cuny ne changera pas la face de ce qui se déroule à la porte de l’Europe depuis le début de l’offensive meurtrière russe. Il faut juger cette prise de position, exprimée le 2 mars dernier , sous le prisme du simple symbole.

Car après tout, serait-ce si regrettable de ne pas voir éclore, sur notre territoire, le discounter russe Mere ? On peut également s’interroger sur la nature de l’emballement médiatique national qui escortait, avant même les évènements dramatiques en Ukraine, le déploiement en France de ce géant venu de l’Est.

Lequel, dans son obsession de tirer les prix vers le bas, rogne sur toutes les charges fixes en ne se donnant par exemple pas la peine de placer ses produits sur des présentoirs. Drôle d’avancée pour le consommateur. Parenthèse refermée…

«Entre nous, ce serait suicidaire»

À l’instar des deux villes Pont-Sainte-Marie et Sainte-Marguerite, Thionville devait donc constituer l’une des trois portes d’entrée dans l’hexagone du groupe russe. Le nouveau venu lorgnait le segment du (very) hard-discount avec lequel des enseignes comme Lidl ou Aldi semblent vouloir prendre leurs distances.

Des ambitions qu’il convient désormais de conjuguer au passé, pronostique Thierry Ghezzi. Dans le contexte actuel, marqué par une forte défiance envers la Russie, l’adjoint au commerce ne voit pas comment Mere pourrait investir les locaux précédemment occupés par l’enseigne Leader Price, boucle des Ferronniers sur la zone du Linkling : «Entre nous, ce serait suicidaire. Il n’y a qu’à voir les difficultés rencontrées par les restaurateurs russes en France en ce moment. Non, je n’y crois pas, du moins pas dans l’immédiat…»

Dans l’immédiat : la précision a son importance. Il paraît en effet bien délicat de préjuger de la stratégie des têtes pensantes de cette filiale du groupe Svetofor (feu de circulation en russe).

Demande préalable de travaux

L’ouverture de l’enseigne à Thionville s’apparente à un serpent de mer insaisissable depuis septembre 2021 : «Les contacts avec eux sont complexes, reconnaît Thierry Ghezzi, un brin circonspect sur le profil de ses interlocuteurs. J’ai rencontré deux personnes différentes. Sur le plan commercial, ils me donnaient l’impression de gens… fraîchement débarqués.» Inexpérimentés, croit-on déceler dans le propos. Et mutiques face au vent d’opposition municipale qui souffle sur leur venue.

Mere ne fait pas de vagues depuis la déclaration du maire Pierre Cuny. Mais Mere a bien déposé une demande préalable de travaux le 16 février dernier : «Et n’oublions pas qu’ils sont engagés par un bail, poursuit l’adjoint municipal. Ils payent donc un loyer dans le vide.»

Une perte qui ne colle pas au profil de ce groupe porté sur les économies. «Même s’ils se décidaient à ouvrir finalement, nous ferions tout notre possible pour les en dissuader», persiste Pierre Cuny sans dévoiler les armes administratives à sa disposition.

Reste que le succès de cette opposition n’est pas assuré : «Ils pourraient contester notre action, le bras de fer est envisageable.» Pas dans un avenir proche, vraisemblablement.

Jean-Michel Cavalli – Le Républicain Lorrain