Le 19 mars 2023, Clément Poinsignon, de Mainvillers en Moselle, décédait des suites d’une leucémie, diagnostiquée six mois plus tôt. Deux ans plus tard, ses parents reviennent sur son parcours. Le jeune homme, âgé de 18 ans, avait poursuivi ses études, en parallèle à son lourd traitement, en vue des épreuves du baccalauréat.
«Jusqu’au bout, il a cru s’en sortir. Tous les indicateurs étaient au vert. Clément réagissait bien aux traitements. Il en était à sa troisième et dernière chimiothérapie. Il était d’ailleurs prévu qu’on lui retire son cathéter à chambre implantable dans les semaines suivantes.»
Mais il y a bientôt deux ans, le 19 mars 2023, le jeune homme s’en est allé. La faute au traitement, qui au lieu de le guérir, a attaqué son pancréas. En trois jours, Clément Poinsignon, qui venait de fêter ses 18 ans le mois précédent, perdait le combat. Le lendemain, il aurait dû passer les épreuves du baccalauréat.
«Tout avait été prévu. Une salle devait lui être dédiée à l’hôpital. Les sujets, cachetés, étaient gardés dans un coffre-fort», précise sa maman, Myriam.
Un robot pilotable à distance en salle de classe
Pour Clément, il y avait un «après». La maladie ne l’a jamais défini. Quelques semaines avant son décès, il obtenait son permis de conduire. Preuve qu’il se projetait dans une vie post-leucémie : «Il ne supportait pas l’idée de voir ses copains poursuivre leurs études après le bac, mais pas lui. Il s’est donné les moyens d’y parvenir également.»
Que ce soit lors des soins à domicile, entre deux chimios, ou lors de ses hospitalisations, le Mainvillois a continué à étudier. Notamment grâce à un robot, mis en place par le Sapad (service d’assistance pédagogique à domicile), qui lui a permis de suivre les cours à distance.
Celui-ci, sur roulettes et pilotable à distance par Clément, circulait de classe en classe dans les couloirs du lycée Poncelet à Saint-Avold : «Il pouvait voir tout ce qui se passait via ce robot et un ordinateur portable qu’il gardait avec lui. Cela lui permettait de parler directement avec les enseignants et ses camarades de classe.»
Au plus fort de la maladie, le soutien de ses amis était sans faille. Cette fenêtre sur l’extérieur, alors même que lui devait garder la chambre et limiter les contacts, lui a permis de surmonter les moments compliqués : «Il avait droit aussi à des cours individuels. Certains professeurs se sont déplacés à la maison quand l’état de Clément le permettait. Nous avons aussi des amis, enseignants également, qui ont apporté leur aide.»
Une lettre à Brigitte Macron
Clément le répétait. Son bac en poche, il prendrait son indépendance : «Il avait prévu de retourner au lycée après les vacances de Pâques. Il avait une vie sociale très riche, c’était important pour lui.»
Il n’en a pas eu l’occasion. Pour honorer celui qu’il a été, et les efforts fournis malgré la maladie, ses parents se sont adressés au recteur de l’académie de Nancy-Metz afin que le diplôme du baccalauréat, si cher au cœur de leur enfant, lui soit décerné à titre posthume : «On a été débouté de notre demande. Du coup, c’est vers Brigitte Macron que nous nous sommes tournés.»
Avec, pour appuyer la demande, une douzaine de témoignages d’enseignants de Clément qui font état de sa persévérance. En retour, l’épouse d’Emmanuel Macron leur a adressé «un joli courrier», dans lequel elle expliquait se tourner vers la ministre de l’Éducation nationale d’alors, Nicole Belloubet : «Celle-ci nous a fait parvenir une attestation de suivi des enseignements de la classe de terminale au lycée général.»
Ce n’est certes pas le diplôme du baccalauréat espéré, mais cela «met à l’honneur l’investissement de Clément. C’était important pour lui». Un bout de papier, désormais encadré, qui a trouvé sa place sur le mur de la famille Poinsignon. Comme un symbole de la résilience de toute une famille.
Mélanie Courte
(Le Républicain lorrain)