Un appel à la grève lancé par les syndicats de cheminots belges francophones a été bien suivi mercredi matin en Wallonie, avec seulement 15% des trains en circulation, mais nettement moins en Flandre, où le trafic était assuré à 68%, confirmant un clivage croissant entre les deux principales régions belges.
Dans le système fédéral belge, les syndicats figurent parmi les dernières institutions nationales réunissant en principe néerlandophones de Flandre et francophones de Wallonie. Mais des divergences sous-jacentes entre syndicalistes flamands et francophones sont apparues au grand jour à l’occasion de la grève du rail prévue ces mercredi et jeudi.
Lancé initialement au niveau national par les branches cheminots des deux plus grands syndicats belges, la CSC et la FGTB, le préavis d’arrêt de travail sur le rail pour les 6 et 7 janvier a été unilatéralement levé fin décembre par leurs branches flamandes, alors que les ailes francophones maintenaient leur mot d’ordre contre le plan d’économies touchant la Société nationale des chemins de fer belges (SNCB).
Les lignes vers le Luxembourg impactées
Résultat: seuls 15% des trains ont circulé entre 6h et 9h mercredi sur les grands axes en Wallonie, contre 68% en Flandre, selon la SNCB et Infrabel, le gestionnaire du réseau. La majorité des trains Bruxelles-Luxembourg ont été supprimés. La ligne Luxembourg-Kleinbettingen-Arlon est également touchée.
Comme prévu, les liaisons internationales (Thalys, Eurostar, ICE…) sont totalement interrompues depuis le début du mouvement, mardi à 22h. Le trafic devrait reprendre normalement vendredi matin.
Le parti nationaliste flamand N-VA, principale force du gouvernement, a profité de cette grève à deux vitesses pour réclamer une scission opérationnelle du réseau ferré belge, dont de nombreuses lignes traversent le pays du nord au sud.
« Est-ce nécessaire ou utile qu’une ligne aille d’Anvers à Charleroi et d’Ostende à Liège ? Si les cheminots font grève à Liège, en tant que Flamand vous avez un problème alors que vous voulez rejoindre Bruxelles depuis Gand », a déclaré le chef de la N-VA et maire d’Anvers, Bart De Wever.
La N-VA, qui prône l’indépendance à terme de la Flandre, appuie depuis des années son argumentation par l’existence selon elle de « deux démocraties » en Belgique, l’une flamande à l’idéologie d’orientation néolibérale et l’autre wallonne, plus marquée par l’emprise des syndicats.
« Les syndicats font le jeu de la N-VA », qui « reçoit sur un plateau une scission symbolique de l’unité du pays –sur le combat social, là où l’unité semblait la plus inaltérable », relevait mercredi le journal francophone Le Soir.
Le Quotidien / AFP