Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Montenach, Verdun, Wingen-sur-Moder, Nancy, Metz : les projets d’hôtels de luxe vont bon train en Lorraine. Une frénésie tardive mais bienvenue, qui va permettre à la région de rattraper le temps perdu.
Quand on a vu l‘imposante bâtisse au loin, on a cru s’être trompé, qu’on était au château de Manderen ! Difficile de ne pas être impressionné par l’énorme construction en pierre de taille qui a poussé à Montenach, au-dessus de Sierck-les-Bains. C’est dans ce havre de verdure qu’ouvrira fin novembre le Domaine de la Klauss , attenant à l’auberge du même nom. A l’intérieur, une nuée d’artisans fourmille dans les 4 000 m² répartis sur deux étages du futur quatre étoiles.
Onze suites, seize chambres classiques, piscine intérieure, cinq salles de soins, une salle de séminaire, une bibliothèque à l’anglaise, un salon-bar, une salle de restauration, une terrasse-bar, un investissement de 4 M€ et une dizaine d’emplois à la clé, Alexandre Keff n’en finit plus de décrire à coups de chiffres sa création. « Aujourd’hui, c’est l’exceptionnel qui marche, pas le standard. Surtout qu’on proposera ce produit d’exception à des prix d’ouverture abordables, de 95 à 175 € la nuit. Régulièrement, la clientèle du restaurant nous fait part de son regret de ne pas pouvoir dormir sur place. Les gens aiment bien s’offrir un break », explique le porteur de projet de 36 ans, qui mise aussi sur la localisation du site : « Être proche du Luxembourg et de l’Allemagne, constitue un avantage. Et le secteur a un potentiel touristique. On est à côté de Sierck, Rodemack, Schengen, la vallée de la Moselle… » L’établissement sera le premier hôtel-spa de Moselle. Il était temps. Le département doit faire partie des derniers à ne pas encore être doté d’un tel équipement. « On rattrape le temps perdu », sourit Alexandre Keff. Il n’est pas le seul.
À Verdun, l’ancien mess des officiers est en pleine réhabilitation. Les 40 chambres (dont 7 suites), des Jardins du mess , ouvriront en mai prochain. « On a déjà une réservation par jour », se réjouit Philippe Menissier, l’un des quatre investisseurs de ce projet à 7,5 M€ avec à la clé 25 embauches. « Il n’y avait rien à Verdun. Les gens repartaient dormir sur Metz ou Reims. »
Question d’image
À Wingen-sur-Moder, en Alsace Bossue, près du pays de Bitche, c’est un véritable petit bijou qui a ouvert le 18 septembre. La Villa Lalique propose de passer la nuit dans la demeure construite par le maître verrier en 1920. Six suites évoquant son travail y ont été aménagées. L’investissement s’élève à 9 M€ en comptant la création attenante d’un temple de verre et d’acier signé de l’architecte suisse Mario Botta et abritant le restaurant gastronomique de Jean-Georges Klein. A Nancy, le Grand Hôtel de la Reine , s’apprête à entrer dans la dimension supérieure. Sa capacité va passer de 50 à 80 chambres. Son PDG et la mairie rêvent tout haut d’aller chercher les cinq étoiles. Un standing à la hauteur du cadre qui l’abrite : la Place Stanislas.
Metz, de son côté, attend pour 2018 le premier hôtel 100 % Philippe Starck (90 chambres, neuf suites, un Spa, deux restaurants, une salle de fitness pour 25 M€ d’investissement).
Cet afflux de projets réjouit Peter Boendermaker, directeur adjoint du comité régional du tourisme de Lorraine : « C’est une excellente nouvelle. Dans notre schéma touristique de développement, nous avions pointé ce manque. Notre parc est composé essentiellement d’hôtels de moyenne gamme. Les nuitées quatre étoiles ne pèsent que 10% du marché. Bénéficier de tels équipements va beaucoup jouer sur l’image touristique de la destination. »
Philippe Marque (Le Républicain lorrain)
