France 3 diffusera ce lundi 14 septembre, en deuxième partie de soirée, un documentaire consacré au lanceur d’alerte Karim Ben Ali. Durant trois ans, les caméras ont suivi ce père de famille de 38 ans, tiraillé entre fierté et regrets d’avoir filmé des déversements sur le crassier d’ArcelorMittal à Hayange.
Il est passé de l’ombre à la lumière en quelques semaines. Inconnu du grand public il y a trois ans et demi, Karim Ben Ali est entré malgré lui dans la sphère médiatique avec fracas. En décembre 2016, ce père de famille se filmait en train de déverser un liquide jaunâtre sur le crassier d’ArcelorMittal à Hayange, sur consigne de ses supérieurs. La vidéo, publiée sur internet en juin 2017, allait changer sa vie. Lui, le sous-traitant d’ArcelorMittal, devenait soudainement un lanceur d’alerte. Convaincu d’avoir révélé une pollution à l’acide*, il ignorait encore combien son combat pour la vérité serait long et usant.
« J’ai fait mon devoir de citoyen »
Durant trois ans, les caméras de France 3 l’ont suivi. Elles le montrent essoré par la machine médiatico-judiciaire. Éreinté de devoir sans cesse prouver sa bonne foi. « Je sais ce que j’ai fait », clame-t-il à l’objectif. Le documentaire montre aussi la solitude d’un homme et son inexorable descente aux enfers. Lui qui, à la fin du tournage en 2019, n’a toujours pas retrouvé un travail.
Entre Thionville, la vallée de la Fensch, Metz et Paris, la caméra suit le parcours d’un homme devenu, selon ses propres termes, « un pestiféré ». « Je suis détruit », lâche-t-il. « C’était pourtant un geste fort pour moi. Je voulais montrer que nous, enfants d’immigrés, on aime notre pays la France. J’ai fait mon devoir de citoyen.»
Ce documentaire de 52 minutes fait partie de la série « Les Désobéissants », consacrée aux lanceurs d’alerte en France. Il sera diffusé sur France 3 Grand-Est lundi soir à 23 h 05, après le décrochage local. Les téléspectateurs qui reçoivent la télévision via la TNT n’auront aucune manipulation à faire. Ceux qui sont dotés d’une box internet devront se brancher sur le canal France 3 Grand-Est.
DG (Le Républicain Lorrain)
* En septembre 2019, le tribunal de Thionville a relaxé ArcelorMittal. Trop de flou entourait la nature du liquide déversé ce jour-là. La procédure d’appel est toujours en cours.