Fabien Engelmann souhaite vendre aux enchères la fontaine d’Alain Mila, le fameux œuf bleu récemment décapé.
Elle n’avait plus fait parler d’elle depuis le mois d’avril. Date à laquelle l’œuvre de granit signée par le sculpteur Alain Mila, le fameux œuf malencontreusement repeint en bleu par le maire Front national (FN) de Hayange, Fabien Engelmann, en même temps que ses services badigeonnaient allègrement jardinières et barrières, était déménagée vers les ateliers municipaux. Objectif : une opération décapage visant à redonner à l’œuvre son aspect d’origine, conformément au souhait de l’artiste.
Avoir eu la main «lourde» sur la peinture avait valu à la ville de Hayange d’être assignée par l’artiste à comparaître devant la chambre civile du tribunal de grande instance de Nancy. C’était en février dernier.
L’affaire est loin d’être tombée à plat. Mardi après-midi, les parties étaient convoquées au TGI de Nancy pour une seconde audience de conciliation. Mais face à Fabien Engelmann, persuadé qu’«artiste et avocat ne cherchent qu’à politiser l’affaire», personne.
«Nous avons estimé qu’il n’y avait rien à concilier, donc nous n’y sommes pas allés», s’est expliqué maître Bertrand Mertz, le conseil d’Alain Mila, rappelant au passage que ses tentatives de négociation en amont de la conciliation étaient restées vaines : «Il suffisait que monsieur Engelmann la remette en état et c’était réglé ! Désormais, l’affaire va prendre un cours contentieux. Ce sera au tribunal de trancher. Là, on ne sait même pas où se trouve la fontaine, s’agace-t-il. Elle a disparu !»
«On va la faire estimer par les Domaines»
Pas tout à fait. Le maire, de son côté, estime avoir honoré sa part du contrat : l’œuvre, dit-il, a été décapée par ses services, constat d’huissier à l’appui. Avant de glisser : «Nous en sommes propriétaires, donc la fontaine peut rester aux ateliers jusqu’à la fin des temps. Ou aller ailleurs.»
En l’occurrence, Fabien Engelmann imagine une tout autre destinée. «On va la faire estimer par les Domaines dans le but de la vendre aux enchères.» Un acheteur potentiel se serait d’ores et déjà manifesté. Et plutôt que de cogiter sur le nouveau tournant pris par cette affaire, «une suite logique», balaye-t-il, l’élu préfère s’enthousiasmer sur la nouvelle fontaine d’occasion qu’il s’apprête à installer. Ornée de chérubins et de lions. Sa place est toute trouvée : ce sera à côté de l’église, précisément là où trônait jadis l’œuvre d’Alain Mila.
Joan Moïse (Le Républicain Lorrain)