La municipalité de Hayange a décidé de ne plus aider le Secours populaire. L’association caritative pourrait être privée de local. Comme dans d’autres villes FN, le maire dénonce des bénévoles « politisés ».
Cette fois, le message est clair. L’invitation ne s’est pas perdue en route, elle n’a jamais été envoyée. À Hayange, les bénévoles du Secours populaire français (SPF) sont désormais persona non grata pour la municipalité FN.
« Oublié » lors de la dernière Fête des associations, le SPF est exclu des prochaines festivités de la Saint-Jean et pourrait bien perdre aussi sa subvention annuelle (550 € en 2015). « Nous avons pris la décision de ne plus travailler avec les associations qui politisent leur discours », justifie le maire, Fabien Engelmann.
Difficile à comprendre pour les instances de l’association caritative. « Nous sommes totalement indépendants, nous ne nous mêlons ni de politique, ni de religion ni même de philosophie », insiste Marie-Françoise Thull, présidente départementale du Secours populaire. Mais le premier magistrat frontiste a clairement dans sa ligne de mire la présidente du comité local.
Ses torts ? Avoir, dans le quotidien Libération, regretté qu’un goûter de Noël ne soit pas accessible aux enfants de migrants. Et, pire encore, avoir participé à l’organisation d’un repas de fête solidaire aux côtés de l’association Hayange Plus Belle Ma Ville, opposée au Front national.
Chantage
Les tensions entre l’association caritative et le maire ont éclaté publiquement en mars dernier. Prétextant des reproches formulés par une poignée de bénéficiaires du SPF sur l’organisation des distributions alimentaires, Fabien Engelmann menaçait de priver l’association du local mis à sa disposition. Les horaires de distribution ont été réaménagés pour mieux gérer l’afflux des personnes aidées. L’ambiance semblait apaisée. L’élu s’est cependant fendu d’un courrier à la fédération départementale du SPF, exigeant l’élection d’un nouveau comité local. « C’est un faux combat que d’essayer de pousser des bénévoles dehors », reprend Marie-Françoise Thull. « Il n’y a pas de militants chez nous, il faut que le maire en soit persuadé. Notre combat est ailleurs, dans l’aide humanitaire, pour offrir des vacances aux enfants… » Le comité hayangeois est resté en place. Mais depuis, les bénévoles n’arrivent plus à contacter la municipalité.
À Hénin-Beaumont aussi
Les élus ont ostensiblement boycotté l’assemblée générale de l’association et la menace sur le local demeure. « Rien n’est décidé. Quoi qu’il en soit, il restera dédié à une association caritative », explique le maire sans plus de précisions. Difficile à vivre pour les bénévoles du SPF : « L’ambiance est délétère. On tend le dos tout le temps, alors que notre seul souci, c’est les familles. » « On ne souhaite plus travailler avec ces dirigeants locaux, c’est clair », assume Fabien Engelmann, qui assure « n’avoir rien contre le Secours populaire en général ».
Le conflit mis en avant avec la présidente locale est cependant troublant, tant il fait écho à la polémique qui a agité Hénin-Beaumont en décembre. Dans cette autre ville FN du Nord, le comité du Secours populaire s’était vu refuser une place sur le marché de Noël et les bénévoles avaient été invités à faire profil bas…
Lucie Bouvarel (Le Républicain Lorrain)
Hayange c’est pas au Luxembourg ? Qu’est ce que ça à voir avec le Luxembourg?