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Handicapé séquestré : prison ferme pour les quatre agresseurs


La victime avait été retenue dans un appartement à Algrange. Les auteurs des faits ont été condamnés à des peines de quatre et deux ans d’emprisonnement, ce vendredi au tribunal de Thionville.

« Il est encore terrorisé par ce qu’il vient de subir. Il a peur », a confessé vendredi l’avocate de la victime à l’ouverture de l’audience du tribunal correctionnel de Thionville, devant lequel étaient présentés en comparution directe quatre individus d’une même famille. L’état psychologique de son client qui n’avait pas, légitimement, très envie de revivre son calvaire en public, ajouté à la présence massive de la famille des prévenus dans la salle ont donc naturellement conduit la défense à demander le huis clos. Une requête accordée par le tribunal.

Rappel des faits  : depuis quelque temps, un homme de 59 ans, handicapé physique, entretient des conversations avec une femme sur Facebook. Ils se sont même déjà rencontrés mais n’ont pas «consommé». Lundi, à la suite d’une nouvelle discussion via le réseau social, ils conviennent d’un nouveau rendez-vous, la femme lui laissant entendre qu’elle était disposée cette fois à lui offrir ses charmes. Aussi, c’est sans crainte et le cœur léger que l’homme se rend en soirée dans un appartement à Algrange, lieu de son rendez-vous galant présumé.

Car à son arrivée, point de femme seule mais une tripotée de personnes qui l’attendent de pied ferme. Le calvaire commence. L’homme va être séquestré jusqu’au petit matin. Il est d’abord frappé afin de lui voler sa carte bancaire et de lui soutirer son code. Après les avoir obtenus, les prévenus tentent de retirer de l’argent, mais le compte n’est pas assez provisionné. Une fois de retour dans l’appartement, ils recommencent à s’en prendre à leur prisonnier. L’homme est violenté une nouvelle fois mais également humilié, ses bourreaux lui infligeant de nombreux sévices, l’obligeant notamment à se comporter comme un chien en portant un collier.

«Absence de neurones»

Ce n’est que le lendemain matin que son calvaire s’achève. Enfin seul avec l’un de ses ravisseurs, qui s’était endormi, l’homme récupère son téléphone portable et contacte la police. Les fonctionnaires ne mettront pas longtemps à identifier et interpeller sept individus, issus de la même famille. Quatre comparaissaient vendredi, les trois autres seront convoqués ultérieurement. Parmi les prévenus, deux mères de famille de 37 et 43 ans, avec emploi.

Amélie Kihl, substitut du procureur de la République, a qualifié les faits de « sordides » et requis des peines de 36 à 24 mois de prison ferme. Me Lagra, avocate de deux prévenus, a évoqué pour sa part le contexte quart-monde sur fond d’alcool de ses clients. « Ils ne se rendent même pas compte de la gravité des faits qui leur sont reprochés », témoigne-t-elle. L’un d’entre eux a ainsi déclaré qu’il s’était montré « gentil » avec la victime.

« La preuve, je lui ai même donné une couverture pendant la nuit », a-t-il expliqué, de manière surréaliste. « Ils ne s’attendaient pas à ce que cela dégénère comme ça », commente une autre représentante de la défense, consternée par « l’absence de neurones » de ses clients. Au final, le tribunal correctionnel de Thionville a condamné, pour séquestration, extorsion et violences en réunion, Patrick Laczo (22 ans), le plus impliqué de tous, à quatre ans d’emprisonnement. Tony Thouvenot (20 ans), Chantal Fablet (37  ans) et Marie-Paule Laczo (43  ans) écopent pour leur part de 24 mois de prison ferme. Tous les quatre ont été incarcérés dans la foulée.

Olivier Menu (Le Républicain lorrain)