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Le temps presse pour Serge Atlaoui


Metz/Jakarta – La situation du Messin Serge Atlaoui, sous la menace d’une exécution imminente, est de plus en plus délicate.

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Serge Atlaoui, lors d’un entretien en prison en 2010. (Photo : archives AFP)

Le temps semble de plus en plus compté pour Serge Atlaoui. Après le refus de sa demande de grâce par le président Joko Widodo, dit Jokowi, la situation du Messin, dans le couloir de la mort pour trafic de drogue depuis mai 2007, devient très précaire.

Alors que Laurent Fabius a renoncé hier à son déplacement de deux jours – prévu aujourd’hui et demain – dans l’archipel, pour cause de crise en Ukraine, l’avocat de Serge Atlaoui, Me Richard Sédillot se dit très « préoccupé ». Les exécutions, suspendues de 2008 à 2013, ont repris le 18 janvier 2015 et un Hollandais et un Brésilien ont été passés par les armes.

Le 2 février dernier, le défenseur de Serge Atlaoui avait longuement rencontré le ministre des Affaires étrangères et fonde beaucoup d’espoirs dans la diplomatie. « La France a toujours suivi le dossier et nous avons des arguments à faire valoir », confirme l’avocat, « dont celui qui constate que M. Atlaoui n’a eu qu’un rôle très subalterne [NDLR : dans la construction d’une usine de production d’acrylique, qui s’est révélé être un laboratoire d’ecstasy]. Ensuite, il a été très discret et n’a jamais critiqué la justice indonésienne. Nous lui faisons toujours confiance pour qu’elle réexamine son cas ».

Un porte-parole du Quai d’Orsay estime que « [le cas de Serge Atlaoui] est suivi au plus haut niveau de l’État et qu’il a régulièrement bénéficié de la protection consulaire ».

> « Une angoisse difficile à supporter »

Richard Sédillot a confirmé hier qu’une demande de révision de son procès, son ultime recours, serait déposée hier. Il considère que son client « n’a jamais été un vrai trafiquant ».

Sur place, le temps s’est accéléré ces derniers jours. Son nom apparaît dans plusieurs quotidiens locaux, qui publient régulièrement des listes de condamnés à mort. Certains articles évoquent même une date fatidique : le 15 février prochain.

En Lorraine, l’émotion grandit. « On garde espoir et on gardera espoir jusqu’au bout, mais on a peur », témoigne un de ses frères. Son épouse, Sabine, citée par France Info, aurait déjà fait ses valises et se préparerait à retourner au plus vite en Indonésie : « Lui là-bas comme moi ici, on est dans le même état, en permanence sur le qui-vive. On s’appelle tous les jours et on a cette même peur très intense. Une peur que les choses basculent d’une minute à l’autre. On ne sait pas ce qui peut arriver demain. Tout cela occupe le cerveau et empêche de dormir. C’est une angoisse très dure à supporter. C’est inhumain. Mais je n’ai pas le temps de m’apitoyer sur mon sort. Je dois penser à ses deux grandes filles et aux deux enfants qu’on a ensemble. Je leur demande de garder espoir. En même temps, je leur dis qu’il faut se préparer au pire. C’est tellement difficile. »

Serge Atlaoui avait été arrêté en 2005 dans un laboratoire clandestin de production d’ecstasy, près de Jakarta, et condamné en 2007 à la peine capitale pour trafic de drogue. Soudeur aux Pays-Bas, il avait accepté le job, rémunéré 2 000 euros la semaine

Alain Morvan (Le Républicain Lorrain)