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La nouvelle gare TGV reste à quai


Très peu mobilisés dimanche, les électeurs lorrains ont rejeté la proposition de nouvelle gare d’interconnexion TGV-TER à Vandières.

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La démocratie participative a encore du chemin à faire dans les esprits. Les Lorrains ont boudé les urnes. (Photo : AFP)

« Je suis dépositaire de l’intérêt de la Lorraine. Il ne me semble pas anormal de suivre l’avis exprimé, mais il faut interpréter ce vote », réagissait, dimanche soir, Jean-Pierre Masseret (PS) depuis l’hôtel de région.

Au terme de cette journée de consultation, l’embarras du patron de la Lorraine était palpable. C’est qu’à défaut de lever toutes les hypothèques, cette opération constitue avant tout un indicateur… sur la consultation !

Manifestement, la méthode du chef de l’exécutif n’a pas convaincu. Les Lorrains ont massivement boudé les urnes. Plusieurs raisons à cela, et même la météo n’a pas été épargnée par Jean-Pierre Masseret. Lequel incrimine par ailleurs le regroupement des bureaux de vote, dont il dénonce l’effet démobilisateur.

Rien, en revanche, sur la nature de l’enjeu, si ce n’est pour souligner le caractère inédit d’une procédure nécessitant, selon lui, un rodage.

Le niveau de technicité de l’enjeu apparaît pourtant comme le premier responsable de la très faible participation (environ 10%). Technique, la question, emberlificotée dans sa formulation, d’une gare d’interconnexion TGV-TER constitue à l’évidence un pari sur l’avenir.

Soit une question à 120 millions d’euros — plus de 200 millions d’euros, assurent les détracteurs du projet — dont les chances de succès de l’infrastructure restent pour le moins hasardeuses. Et pour cause : anticiper le développement du transport en commun à 70 ans reste une gageure. À tout le moins une affaire de spécialistes.

> Une procédure de quinze ans

Sur la méthode, les Lorrains n’ont pas donné quitus à cette manière de démocratie participative par laquelle le politique semble renvoyer la patate chaude au citoyen. Et ce à l’issue de quinze ans d’une procédure ayant eu raison de tous les obstacles : « La Région avait tout pour décider, tranche Patrick Weiten (UDI), la déclaration d’utilité publique, la maîtrise d’ouvrage et le levier financier. » Nadine Morano (UMP) enfonce le clou : « Jean-Pierre Masseret a voulu faire un coup politique, les Lorrains le lui ont retourné en boomerang », tacle-t-elle.

La tournure éminemment politique du débat, à huit mois des régionales, a achevé de plomber cette consultation bien mal engagée. Avec Patrick Weiten, la Moselle a voté un non écrasant à Vandières (76 %), Metz comprise. « Je m’y attendais », confiait Masseret, furieux contre Dominique Gros pour l’avoir privé de voter dans son bureau habituel du Sablon.

À l’inverse, le « oui » nancéien lui apporte un peu de baume au cœur. « Le maire de Nancy s’était personnellement impliqué en distribuant des tracts pour le non », fait-il remarquer. Comme Mathieu Klein (PS), il se félicite du vote favorable en Meurthe-et-Moselle (59%).

Les Vosgiens ont, eux aussi, apporté leur soutien à la gare d’interconnexion, dans une moindre mesure cependant (52%). Partisan enflammé de Vandières, Christian Poncelet peut s’enorgueillir des 66,22% du « oui » à Remiremont. Enfin, la Meuse a préféré le « non » porté par le sénateur Gérard Longuet (UMP) au « oui » de Christian Namy (UDI), patron du département. Sans surprise, Louvigny et Vandières ont voté à front renversé (lire par ailleurs).

Preuve aussi de la dimension territoriale de la confrontation. Dans la commune d’implantation de la gare actuelle, les 377 votants ont majoritairement apporté leurs suffrages au non (366) pour seulement 11 « oui ». A contrario, Vandières, plus mobilisée avec 71,21% des inscrits, a porté le oui à 428 votants contre 28 pour le non.

Faute d’avoir contribué à dissiper l’épais brouillard qui noie toujours le futur de l’interconnexion en Lorraine, le scrutin éclaire d’un jour nouveau la campagne des régionales, désormais ouverte.

Très peu mobilisés dimanche, les électeurs lorrains ont rejeté la proposition d’une nouvelle gare d’interconnexion TGV-TER, qui serait construite à Vandières en remplacement de celle qui fonctionne à Louvigny (Moselle) depuis l’ouverture de la ligne.

Sur 154 228 bulletins dépouillés en soirée sur un total de 1 611 625 inscrits, le « non » l’emportait à 58,66% (90 493) contre 41,34% (63 776) pour le « oui ». Moselle et Meuse sont contre, Vosges et Meurthe-et-Moselle pour.

Xavier Brouet (Le Républicain Lorrain)


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