L’écocité s’appuie sur les trois piliers du développement durable : social, économique et environnemental.
L’accompagnement des habitants est une priorité, pour mieux les sensibiliser. (Photo : Pierre Heckler/RL)
Le maire de Distroff, Salvatore La Rocca, se frotte les mains. Rien à voir avec le matin frais par lequel il se balade dans la commune. Mais plutôt en raison d’un projet de lotissement qu’il porte depuis près de quatre ans lorsqu’il était encore dans l’opposition municipale. Un espace de vie qui, progressivement, sort de terre.
La Croisée des chemins (nom attribué à ces 5,50 hectares de terrain situés sur les hauteurs de Distroff) se définit comme une écocité. « C’est un projet qui permet de trouver une nouvelle manière de vivre ensemble en s’appuyant sur les trois piliers du développement durable : social, économique et environnemental », rappelle Salvatore La Rocca.
Le concept, qui se chiffre autour de 3,7 millions d’euros pour la commune et est subventionné à hauteur de 250 000 euros par le conseil régional de Lorraine, est financièrement rentable, affiche évidemment des vertus écolos et s’attache notamment à mêler les générations. Le maire, ancien militant associatif, fervent défenseur de l’éducation populaire, a tout appris au contact des autres. Et veut faire ici de la rencontre un art de vivre.
La première maison du lotissement est habitée depuis fin 2014. « Vingt-trois autres sont en construction, une quinzaine de permis sont en cours, poursuit Salvatore La Rocca. Il reste seize parcelles à vendre pour des pavillons individuels. »
Sur les plans apparaissent également une vingtaine de logements sociaux qui se nicheront dans de petits collectifs. Des bâtiments mêlant seniors et jeunes occupants sont par ailleurs prévus. « Il y a ici de la location et de l’achat, pour toutes les bourses, tous les âges », insiste l’élu.
> Jardins collectifs, habitat participatif
La plus grande originalité du lotissement se trouve surtout dans le projet d’une parcelle de trente ares dédiée à l’habitat participatif. Et, non, l’expression n’est pas toute faite ! Pour preuve, « les habitants ont dessiné ensemble, avec l’architecte », glisse le maire. Ils bossent dessus, se réunissent régulièrement depuis un an. « Ils conçoivent sur mesure et connaissent déjà leurs voisins. »
Six familles, aux profils divers, sont restées impliquées depuis les premières esquisses. « Du coup, elles ont des valeurs communes sur le mode de vie. Il y a une harmonie dans le choix des matériaux », témoigne Élisabeth Spielmann, assistante à la maîtrise d’ouvrage. Les futurs habitants ont imaginé des jardins partagés déjà délimités, un atelier de bricolage commun visible sur plans pour l’instant.
Cette parcelle n’est toutefois pas complète. Mais il est déjà envisagé d’utiliser l’espace restant pour aménager entre huit et dix petits appartements réunis autour d’une surface commune. « Des personnes âgées pourront y être accueillies dans une démarche familiale et associative. Comme une alternative à la maison de retraite, à l’isolement », annonce le maire.
Et, visiblement, le modèle séduit. Il prend même vie avec la toute récente création d’une association intitulée Cohabitation solidaire intergénérationnelle (COSI), portée par les six foyers qui occuperont le même terrain. Ensemble, ils veulent définir les contours de cette structure intergénérationnelle novatrice. Associations sensibilisées par le sujet, collectivités, directeur d’Ehpad (foyer pour personnes âgées dépendantes) sont notamment appelés à en devenir partenaires afin de soutenir cet aménagement et son développement. « Il y a tout un montage opérationnel et juridique à respecter pour répondre à des normes », souligne Élisabeth Spielmann.
La conception de cette parcelle d’habitat participatif commencerait cette année. Dans l’idéal, les travaux seraient achevés fin 2015. Des délais qui semblent un peu courts… Mais ici, il est bien question d’idéal, non ?
Frédérique Thisse (Le Républicain Lorrain)