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Grand-Est : l’inquiétude face au grand chambardement


Lors de la dernière séance du conseil régional, la réorganisation des services a été évoquée. (Photo : RL)

Plus de cinq mois après la création de la Région Grand-Est, la réorganisation des services administratifs bat son plein. Après FO et la CFTC, la CGT exprime ses craintes d’une refonte des effectifs.

«Dans les lycées on est à flux tendu», rapporte Pascal Koehler. Secrétaire général de la CGT pour les agents de la fonction publique territoriale de la Région Grand-Est, le Messin préfère prévenir l’exécutif : «Actuellement, on manque de visibilité sur les effectifs. Et en aucun cas ils ne pourront être la variable d’ajustement budgétaire». Passé le temps de la réflexion, les élections professionnelles ont été fixées au 30 juin. Soit six mois après l’entrée en fonction de la nouvelle institution fusionnée. Premier obstacle pointé, Koehler s’interroge sur le chiffrage exact des effectifs : « Entre 6 800 et 7 400 agents, dont 5 400 Tos (Techniciens et ouvriers de service), on ne sait pas exactement. Une sacrée fourchette». En réalité cet écart traduirait la forte disparité des statuts à l’intérieur des services.

Redoutant le loup derrière le flou, le cégétiste craint que les beaux discours ne masquent une réalité plus cynique. « A Strasbourg, on nous promet qu’il ne sera procédé à aucune rupture de contrat, à aucun déplacement forcé et que les contractuels ont même vocation à intégrer durablement les effectifs », se félicite-t-il. Mais les retours de terrain semblent plus préoccupants : « Des cadres intermédiaires pousseraient des contractuels à prendre la porte en invoquant un horizon bouché. D’autres se retrouvent sans tâches à effectuer, dépossédés de leur domaine de compétence… »

Harmonisation

Aux antipodes d’une quelconque volonté déstabilisatrice, François Bouchard, directeur général des services, évoque la nécessaire réorganisation orchestrée par les 18 directeurs préfigurateurs.

Philippe Richert l’a revendiquée lors de la séance consacrée au vote du budget. Ce «projet de territorialisation», le chef de l’exécutif en livrera les clés de lecture le 24 juin. Structuré par l’administration des trois maisons de la Région (Strasbourg, Metz et Chalons), il s’articulera sur 12 agences territoriales. Un grand chantier que l’exécutif devra ensuite faire valider lors de la première commission paritaire (CTP) programmée en octobre.

« Pour l’heure, aucune feuille de route n’a été portée à la connaissance des syndicats » déplore Pascal Koehler.

L’harmonisation des régimes indemnitaires constitue un autre gros morceau de la négociation à venir. Le différentiel en termes de primes entre les agents des trois ex-régions se chiffrerait entre 20 M€ et 50 M€/an. La loi NotrE prévoit 7 ans pour harmoniser. Philippe Richert a d’ores et déjà prévenu qu’il lui faudrait auparavant dégager des marges de manœuvre budgétaires.

Mais contrairement à FO ou à la CFTC qui plaident un alignement sur le mieux disant lorrain, la CGT n’en fait pas sa priorité. « Ça n’est pas le bon angle d’attaque », confirme son représentant qui préfère faire porter l’effort sur la défense des conditions de travail. Son objectif : éviter une purge dans les lycées lorrains qu’il considère déjà à l’os, lorsqu’à Strasbourg on les considère trop bien pourvus. « Un test simple consistant à jeter un œil à la propreté des toilettes permet de mieux comprendre l’état des effectifs », plaide le syndicaliste convaincu par la méthode et certain du constat.

Xavier Brouet (Le Républicain Lorrain)