L’aéroport de Paris-Vatry (Marne), en déficit chronique depuis 20 ans, a vu « exploser » son activité fret en avril en raison du transport de matériel sanitaire et espère ne pas « retomber dans l’oubli » après l’épidémie de Covid-19, indique mardi le président du département.
Mis en service en 2000 avec l’ambition de transporter quelque 125 000 tonnes de fret par an, l’aéroport n’a jamais atteint cet objectif et se trouve depuis en difficulté financière, malgré le développement du transport de passagers. Situé au cœur du Grand Est, l’une des zones les plus touchées par l’épidémie, il a été choisi en mars pour réceptionner une grande partie du matériel sanitaire commandé notamment par l’État dans le cadre d’un « pont aérien » mis en place avec la Chine.
« Cette crise touche l’aéroport de manière paradoxale, avec d’un côté un arrêt complet des vols passagers » – 81 348 passagers en 2019 – « et de l’autre une explosion des vols charter de fret », explique lundi Christian Bruyen, président LR du conseil départemental, propriétaire de l’infrastructure. « En avril, nous avons traité 1 760 tonnes de fret, soit un total cumulé depuis le début de l’année de 4 250 tonnes. Nous avons déjà dépassé le volume annuel 2019 (soit 2 869 tonnes) », précise-t-il.
Il a coûté 250 millions d’euros au contribuable
Depuis le 30 mars, Paris-Vatry « accueille et traite en moyenne chaque jour deux vols de fret gros porteur, [assurés par] Antonov AN124 et B747 cargo, contenant masques et matériel sanitaire pour l’État français, les collectivités territoriales ou des entreprises privées », détaille-t-il encore. « Impossible d’affirmer » cependant que cette activité suffira à sortir du rouge, selon l’élu. Car si l’objectif d’atteindre les 10 000 tonnes de fret en 2020 semble désormais à portée de main, la reprise des vols passagers est incertaine.
« L’avantage de Paris-Vatry est de pouvoir, dans certaines situations comme actuellement, combler les manques à gagner d’une activité par une autre. (…) Mais il ne serait pas acceptable que, demain, le fret qui ne peut être traité de manière acceptable sur les plateformes parisiennes continue d’être abandonné au profit des structures étrangères », prévient Christian Bruyen. « Nous travaillons déjà à la sortie de crise pour que cet aéroport ne retombe pas dans l’oubli, en espérant ne pas devoir être trop offensif et percutant pour être entendu ».
La création de cet aéroport, implanté à 30 km de Châlons-en-Champagne et utilisé par l’OTAN avant d’être transformé et ouvert aux vols commerciaux, avait coûté 250 millions d’euros au contribuable.
AFP/LQ