Les chiffres de l’économie en Grand Est sont loin d’être au rendez-vous des projections du début de l’année. Et pour cause : le point de situation dressé par la Banque de France en ce début d’automne est marqué du sceau de la crise sanitaire. Les perspectives de rebonds quant à elle font figure d’équation à plusieurs inconnues.
Le phénomène a été rapide et violent. En mars, la décision de confiner le pays pour faire face à l’épidémie de Covid-19 a provoqué une plongée immédiate de l’activité économique : «Avec -32 % à fin mars 2020, nous nous sommes trouvés face à un phénomène jamais constaté. Même en temps de guerre», a expliqué, ce mercredi 30 septembre, Denis Camillini, directeur départemental Moselle de la Banque de France, en présentant les chiffres de la situation économique à mi-année en Grand Est. Depuis, la reprise s’est faite en deux temps : rapide jusqu’à fin juin, où l’activité demeurait en retrait mais de 9 % seulement, puis plus lente, « le retour au niveau d’activité antérieur à la crise étant anticipé pour le second trimestre 2022 seulement », a précisé Denis Camillini.
Coup très rude
Le coup a donc été, sans surprise, très rude et se traduit dans les chiffres de manière spectaculaire à plusieurs niveaux. C’est ce qui ressort notamment d’une enquête conduite par la Banque de France auprès de 1 848 entreprises industrielles, de services marchands, de la construction et du commerce. Ainsi, en Grand Est, le montant total des prêts garantis par l’État accordé est de 7 012 millions d’euros au bénéfice de 39 885 entreprises. Rien qu’en Moselle, ce sont 1 100 millions d’euros qui ont bénéficié à 6 000 entreprises. La Banque de France estime que « dans près de 70 % des cas, les fonds sont pour l’heure conservés », sans doute en prévision de jours sombres. Dans le même ordre d’idées, les entreprises ont massivement recouru aux dispositifs de chômage partiel , le secteur le moins « gourmand » étant le commerce où 66 % des entreprises ont utilisé le dispositif mis en place par l’État, ce taux atteignant 96 % dans le BTP. Au total, environ un tiers des entreprises déclare aujourd’hui avoir suspendu ou reporté des investissements.
Sortie de crise
Si plus de 70 % des entreprises ont accusé une baisse sensible de chiffre d’affaires pendant la crise, le ratio étant notablement moins important dans le commerce (56 %), un tiers seulement anticipe un résultat négatif à fin 2020, un quart seulement dans le commerce. Pour le moment du reste, le solde création/défaillance « reste négatif » même si la destruction de quelque 850 000 emplois est anticipée à fin 2020.
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Publiée par Banque de France sur Jeudi 24 septembre 2020
Concernant les perspectives de rebond, 25 % des chefs d’entreprise ne se prononcent pas sur la date de retour à un niveau d’activité normal. Seule la moitié des entreprises devrait retrouver un niveau d’activité comparable à l’avant crise sanitaire à fin 2020. Au-delà, la sortie de crise dépendra à la fois « du niveau de confiance des ménages et de la fraction de leurs 100 milliards d’euros d’épargne (au niveau national, NDLR) qui sera réinjectée dans la consommation, véritable pilier de notre croissance. Mais aussi de la confiance des entrepreneurs et donc de leur perception de la crise, de sa durée et de son issue et enfin de la confiance des banques qui auront à assumer le maintien du financement de l’économie », a conclu Denis Camillini.
Hervé Boggio (Le Républicain lorrain)