Le 24 novembre 2018, les gilets jaunes établissaient un campement sur le rond-point d’Aumetz. Plus de cinq mois plus tard, il tient toujours. Animés par la rage d’exister, quarante hommes et femmes se relaient ici chaque jour.
«S’il faut qu’on soit encore là à Pâques, on sera là. On est prêts.» Quinze jours avant Noël, les mots d’Aurélie Mery (photo au centre) paraissaient encore fous. Comme dénués de sens. Mais cette gilet jaune, maman de deux enfants et grand-mère, a tenu parole. Elle est encore là, tous les jours, sur le rond-point d’Aumetz. «Les jours et les nuits aussi. On prend le relais. Mes fils me remplacent à la maison, ils passent de temps en temps. Ils comprennent de toute façon que c’est pour eux», raconte-t-elle.
Quand les klaxons reviennent…
Aurélie était de ceux qui étaient là quand le camp s’est établi ici, le 24 novembre. Depuis, le campement s’est étoffé. Une cabane a été construite. Puis reconstruite une seconde fois, après que la première a pris feu une nuit d’hiver. À l’intérieur, un canapé, une chambre, une gazinière… «C’est ici que l’on prépare les manifestations. On discute aussi, on échange.» À l’extérieur, quelques klaxons se font encore entendre. «Ils reviennent. Ils avaient un peu disparu après janvier. Macron en avait endormi beaucoup avec ses discours. Mais les derniers événements nous donnent raison», explique-t-elle en faisant référence à la polémique de la Pitié-Salpêtrière.
«Pour qu’on ne nous oublie pas»
Plus de cinq mois après le début du mouvement, les revendications n’ont pas changé. L’opinion publique les entend chaque samedi. Dans ce contexte, le maintien d’une présence sur un rond-point interpelle. «Ça a du sens, répond Aurélie. Ils disent que le mouvement s’atténue, mais c’est faux. On est là pour se montrer, pour qu’on ne nous oublie pas.» Avec le temps, la gilet jaune admet pourtant que les automobilistes ont pris le pli. Certains ne font plus vraiment attention à ce drapeau tricolore qui flotte à côté de la route.
Une lutte qui va durer
D’autres, en revanche, ont fini par rejoindre le mouvement. Des salariés, des chômeurs, des chefs d’entreprise… Christelle et Jordan ont mis un pied sur le rond-point il y a un mois et demi. «Le pouvoir d’achat, la cause des handicapés, ils se battent pour plein de choses. Ce sont surtout des gens avec un grand cœur», lance Jordan.
Aurélie en est certaine : la lutte va durer. «Il faudrait un coup d’État pour nous faire partir. De toute façon, on ne croit plus en lui.»
Damien Golini/RL
Séance cinéma mardi soir à 21h
Le film J’veux du soleil de François Ruffin (le député trublion de la France insoumise) et Gilles Perret sera projeté mardi soir à 21h sur le rond-point d’Aumetz. Ouvert à tous. Le film raconte les premiers campements de gilets jaunes sur les ronds-points de France.