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Geric vendu à Carrefour : la fin d’une époque à Thionville


Carrefour, qui exploite l’hypermarché de Geric, a décidé de prendre le contrôle de l’ensemble de la galerie marchande, via sa filiale Carmila. (Photo Armand Flohr)

Le centre commercial Geric de Thionville, créé en 1971 par des commerçants indépendants, a changé de propriétaire cette semaine. Carrefour, via sa foncière Carmila, en a pris le contrôle.

Hier, des milliers de clients ont franchi les portes monumentales du centre commercial Geric à Thionville. Un samedi ordinaire pour ce temple du commerce qui attire chaque année 7,5 millions de clients. Eux n’ont pas vu de différence avec le samedi d’avant. Pourtant, cette semaine, mercredi soir pour être précis, Geric a vécu une tonitruante révolution. Carmila, une foncière créée par Carrefour pour acquérir et gérer les galeries marchandes attenantes à ses hypermarchés, a pris le contrôle du centre commercial thionvillois.

Voici à quoi ressemblait Geric dans les années 1970. (Photo archives RL)

Voici à quoi ressemblait Geric dans les années 1970. (Photo archives RL)

Créé en 1971 par une soixantaine de commerçants de Thionville, le centre commercial Geric appartenait toujours, à travers un groupement d’intérêt économique (GIE) et une société financière, à une poignée d’acteurs locaux. Jusqu’ici, Geric avait donc su trouver localement les ressources et les idées pour grandir et prospérer.

« C’était un modèle complètement atypique dans le paysage des centres commerciaux français et européens », sourit Jean-Daniel Hamet, qui assurait la présidence du GIE jusqu’à mercredi soir. « Et je crois que c’était la force de Geric. Grâce à notre indépendance, nous avons su prendre des orientations audacieuses, parfois à contre-courant, mais qui ont finalement été décisives dans le succès de cette galerie. »

« L’innovation, une priorité »

Il pense notamment au pôle restauration « que tous les analystes des grands groupes nationaux nous auraient déconseillé de faire au début des années 2000 alors que la restauration est aujourd’hui considérée comme un élément d’attractivité essentiel des centres commerciaux. »

Il pense également à la carte de fidélité Geric, lancée en 2009. Une première à l’échelle d’un centre commercial.

« L’innovation a toujours été une priorité, chez nous, poursuit Jean-Daniel Hamet. Nous avions par exemple été les premiers à utiliser le code-barres. En 2013, à l’occasion de notre dernière extension, nous avons utilisé une technique de construction unique, en réalisant, en dix mois seulement, un parking en ossature métallique au-dessus de la galerie marchande ! »

« Un navire solide »

Jusqu’au bout, les acteurs locaux propriétaires de Geric auront donc investi pour conforter le centre commercial dans sa position de leader sur sa zone de chalandise. Il était temps, pour eux, de valoriser leurs actifs. « Le temps passe et nous aspirons tous à faire autre chose », soupire Jean-Daniel Hamet. « Moi j’étais à Geric depuis 1984… Et puis il y a peut-être le souci de ne pas mener le combat de trop… Nous avons le sentiment de laisser à l’acquéreur un navire solide, entretenu et performant. Et j’ai la prétention de croire que Carmila va s’inspirer de certaines expériences menées à Geric pour poursuivre son développement. »

Carmila a d’ailleurs décidé de maintenir en poste les 13 salariés du GIE Geric et en particulier sa directrice générale Maude Korsec. « C’est une forme de reconnaissance de la qualité du travail accompli », se félicite Jean-Daniel Hamet.

Ces salariés vont simplement devoir s’y faire : ils travaillent jusqu’à présent pour une entreprise thionvilloise, dirigée par des Thionvillois avec de fonds essentiellement thionvillois. Ils appartiennent désormais à une société européenne qui possède un portefeuille de 184 centres commerciaux valorisé à plus de 4 milliards d’euros…

Anthony Villeneuve (Le Républicain Lorrain)