Depuis le 1er août, un convoi impressionnant de gens du voyage a investi une parcelle à Basse-Ham.
Le maire de Basse-Ham, commune proche de Thionville, revient sur les conditions de cette intrusion sur la zone du Kickelsberg et, surtout, sur son «impuissance» face à cette situation où les pouvoirs publics se renvoient la balle.
Pouvez-vous nous décrire les conditions d’installation de ce campement sauvage?
Bernard Veinnant : On peut dire qu’ils n’ont pas fait preuve de discrétion… Lundi dernier, en milieu de matinée, ce convoi constitué de 80 caravanes a totalement paralysé la circulation sur la D654 et le contournement de Yutz. Ils ont déplacé des blocs de béton qui sécurisaient le site avec une… minipelle! Le terrain ciblé, sur la zone du Kickelsberg, appartient en partie à un privé et à l’agglomération Portes de France. Il se destine à abriter le futur P+R dans le cadre du déploiement de notre futur Bus à haut niveau de service (BHNS). Les lieux sont déjà desservis par le réseau électrique et alimentés en eau. Un « heureux hasard », on peut dire que le seigneur était avec eux…
Question naïve mais avez-vous été avisé en amont de cette occupation des gens du voyage?
Pour un convoi dit de « grand passage », les gens du voyage sont tenus de s’annoncer. Ils l’ont fait fin juin sans, bien entendu, préciser le lieu souhaité et en se montrant vagues. À nos yeux, cette installation est totalement illégale. La Sodevam, société chargée de la commercialisation de ce terrain, a engagé une procédure d’expulsion. Et on le sait tous : le temps de l’instruction prend au moins quinze jours, si ce n’est plus.
Quid du recours à la force publique?
On ne peut pas l’engager, car les services de la préfecture arguent que notre territoire ne dispose pas d’une aire de grand passage…
Ce nouvel épisode, loin d’être isolé actuellement, ne relance-t-il pas la nécessité de doter Portes de France d’une telle installation?
Oui, d’autant que le Schéma départemental d’accueil des gens du voyage doit faire l’objet d’adaptations en cette fin d’année. Maintenant, cela n’aurait pas de sens que chaque collectivité ait une aire d’accueil de grand passage. De notre côté, il faut que l’on s’accorde avec le Val de Fensch pour en aménager une. Il faut être en capacité de flécher une destination, comme ça le préfet ne pourra plus se réfugier derrière notre supposé manque…
Pour conclure, la communauté des gens du voyage vous a-t-elle communiqué une date de départ?
A priori, le 14 août. Mais la communication avec eux est très compliquée. Lundi dernier, j’ai retrouvé dans ce rassemblement évangélique une personne déjà croisée l’année dernière. À l’époque, je m’étais opposé physiquement à une installation sur la base nautique. Cela m’avait valu de me faire bousculer par cette personne. Lundi, l’individu m’a regardé en souriant… C’est à se demander de quel côté est la loi. J’éprouve un vrai sentiment d’impuissance.