Aux attentats de 2015, le ministre de l’Intérieur a répliqué par des renforts. La gendarmerie va accueillir 2300 militaires en 2016, 240 pour la zone de Défense Est. Le général Morterol décline l’emploi de ses nouvelles troupes.
La gendarmerie est engagée dans la lutte contre le terrorisme. « Le contexte commande que tout le monde soit mobilisé », acquiesce le général Thibault Morterol, patron des gendarmes de la zone de Défense Est. Le contexte impose aussi des renforts et de nouveaux moyens chez les forces de l’ordre. Depuis les attentats de Charlie Hebdo , le gouvernement a annoncé deux plans de lutte antiterroriste, de lutte contre l’immigration clandestine, et un pacte de sécurité.
Des noms et des chiffres que le général Morterol décrypte pour l’est de la France. « On a fait une lecture zonale de nos besoins, et cherché une cohérence. L’idée générale n’est pas de saupoudrer mais de créer des unités et de nouvelles missions », commente-t-il.
Une nouvelle antenne GIGN. « Les actions terroristes ont changé de nature. Avant, elles étaient figées, il y avait des revendications. Les forces spéciales avaient « le temps » de venir. Aujourd’hui, on parle de tueries planifiées avec des auteurs qui veulent faire le plus de morts possible avant de mourir. Ce constat oblige à réfléchir et à s’adapter, observe le général. Au niveau des moyens spécialisés, la première réponse est la création de trois nouvelles antennes GIGN. Jusqu’ici, il y en avait trois à Toulouse, Dijon et Orange. » Demain, des unités vont s’installer à Nantes, Tours et Reims. « Trente-deux militaires vont composer l’antenne rémoise. Le recrutement a commencé. Dix hommes sont déjà en place. »
Un Psig Sabre à Thionville. Les capacités d’intervention de la gendarmerie vont s’élargir grâce à des dotations en armement et des formations spéciales pour des pelotons de surveillance et d’intervention. « C’est le deuxième étage de la fusée. A terme, il y aura 150 Psig Sabre sur le territoire, 27 sur la zone de Défense Est. » Les premiers seront à Thionville, Mulhouse, Strasbourg, Châlons-en-Champagne et Romilly. « Ces unités vont bénéficier de fusils d’assaut, de casques à visière balistique. Ces moyens doivent permettre à ces hommes de se transformer très rapidement en premiers intervenants sur les situations de crise. »
De nouveaux pelotons mobiles. Certains escadrons de gendarmes mobiles vont bénéficier d’un cinquième peloton (22 hommes supplémentaires). « Ces nouveaux pelotons auront pour mission de renforcer les unités territoriales, d’intervenir par exemple sur les événements liés au risque terroriste mais aussi dans les espaces marqués par la délinquance de droit commun. »
Des « chasseurs » sur les axes routiers. Le général Morterol veut contrôler les flux. Pas seulement routiers, mais les grands axes comme l’A4 sont prioritaires. « La menace terroriste n’est pas quantifiable sur un territoire comme le nôtre. Mais l’évidence est que nous sommes une terre transfrontalière, donc de passage. » Il va donc créer d’ici l’été de petites unités pour contrôler les flux sur les voies structurantes, les points de passage obligés et infrastructures de transit. « Je veux des chasseurs » qui travailleront « un peu à la manière des douaniers ».
Des capacités d’observation et de surveillance augmentées. Unités spécialisées dans le renseignement et les filatures de haut niveau, les groupes d’observation et de surveillance (GOS) vont voir leur effectif gonfler. « Ils seront portés à quinze hommes. » Pour lutter contre une délinquance plus locale, le général Morterol a décidé de créer en Moselle et dans chaque département alsacien une cellule d’observation et de surveillance. « Le maillage sera ainsi complet. » Toutes les unités ne sont pas encore en place mais le général veut aller « vite ».
Kevin Grethen (Républicain Lorrain)