Depuis près de dix ans, le gaz contenu dans les veines de charbon non-exploitées de l’ex-Bassin houiller suscite l’intérêt de l’entreprise La Française de l’énergie. Elle espère pouvoir passer à la phase de production en 2017.
La dernière mine de charbon a fermé en 2004, à Creutzwald. Mais la houille pourrait encore se transformer en ressource pour la Lorraine, grâce au gaz que renferme son sous-sol. Depuis près de dix ans, des travaux de recherche et des forages ont lieu en Moselle-Est, principalement autour de Saint-Avold et Faulquemont.
Ces opérations sont menées par l’entreprise La Française de l’énergie. C’est, depuis quelques mois, la nouvelle dénomination d’EGL. A l’origine, ces trois lettres signifiaient European Gas Limited. Cette société, historiquement australienne, a effectué les premiers sondages dans le sous-sol de Moselle-Est, en 2006. Puis « l’entreprise a connu une importante évolution depuis la fin 2009, avec un changement de direction, le transfert du siège à Forbach et la décision de concentrer nos efforts sur la France pour devenir un acteur régional de référence dans l’énergie », indique Julien Moulin, directeur général. Pour mieux représenter son identité et son activité, le nom Française de l’Energie est finalement adopté.
Test en cours à Tritteling
Sur le terrain, après une première phase de tests à Folschviller, c’est à Tritteling que l’entreprise concentre ses efforts depuis 2013. Le test s’est terminé cette année. Si certains résultats sont toujours en cours d’interprétation, le potentiel gazeux ne fait plus de doute. La faisabilité d’un forage avec des drains latéraux est également démontrée. Pour Julien Moulin, la Française de l’énergie peut entamer sa mutation. « L’objectif est désormais le développement industriel. Nous ne faisons pas d’investissements à court terme, nous voulons être présents pendant 25 ans, au moins », explique le directeur général.
Réduire les importations de gaz
Pour cela, l’entreprise doit obtenir, comme à chaque étape de son développement, l’aval des autorités pour passer à la production. Ce changement de statut d’explorateur à opérateur est espéré en 2017. Pour la Française de l’énergie, les débouchés sont intéressants. « Beaucoup d’acteurs locaux du domaine de l’énergie ont de gros besoins en gaz », souligne Julien Moulin.
Les réserves en gaz de houille pourraient couvrir entre 8 et 10 % de la consommation énergétique française pendant 20 ans. La part des importations de Norvège, d’Algérie, de Russie ou du Qatar serait ainsi réduite. « Notre projet s’inscrit pleinement dans la transition énergétique, avec le remplacement du gaz importé par une énergie locale qui va bénéficier à l’ensemble de la région », défend Julien Moulin. A la clé, la Française de l’Energie évoque 300 emplois directs.
Mais face à ces perspectives économiques intéressantes, l’entreprise doit composer avec de nouvelles résistances locales (lire ci-contre). La méthode pour extraire le gaz de houille est décriée par les opposants, qui l’assimilent à celle employée pour le gaz de schiste. « Nous ne faisons pas de fracturation hydraulique, car c’est tout simplement interdit par la loi et ne serait pas applicable pour nos projets dans tous les cas », insiste Julien Moulin. Pour lever les doutes, l’entreprise accentue son travail d’information auprès de la population.
Pascal Mittelberger (Le Républicain lorrain)
Bonjour,
les journalistes feraient bien de ne pas servir que d’écho à M. Moulin: opposé, comme bien d’autres, au gaz de couche en Moselle, je « n’assimile » pas « la méthode pour extraire le gaz de houille (…) à celle employée pour le gaz de schiste »: je lis simplement les dossiers déposés par EGL en mairie (car la « Française de l’énergie » n’a rien à voir ni avec les permis bleus ni avec les projets de Longeville, Zimming et Lachambre.) Or les DAOTM prévoient (pièce 4, p. 6) des « tests de stimulation »… Terme générique englobant la fracturation hydraulique. Une fois abrogée la loi de 2011 sur la fracturation hydraulique (dès 2017 d’après les observateurs), EGL aura toute latitude pour fracturer. Cela dit, là n’est pas le problème: les dommages environnementaux de l’exploitation du gaz de houille sont relevés par toute la littérature spécialisée! Si un journaliste souhaite s’informer réellement, qu’il vienne à nous!