Annoncée de longue date, la création d’un hôtel hospitalier dans l’environnement de l’hôpital Bel-Air semble actée. Pourtant, ce projet novateur en France peine à se matérialiser. De quoi lever un doute sur sa faisabilité ? Éléments de réponse.
- Le CHR Metz-Thionville n’a pas encore donné son feu vert
VRAI. À l’heure actuelle, la direction du centre hospitalier régional examine toujours le cadre juridique et les modalités financières de ce dispositif sans équivalent en France. Se poser en pionnier de l’hébergement temporaire non médicalisé explique cette prudence légitime. Un dernier verrou doit sauter, en l’espèce la nature exacte « de la prise en charge de l’assurance maladie », ne cache pas Dominique Peljak, directeur général du CHR Metz-Thionville.
- Le choix de l’opérateur est déjà acté
FAUX (et un peu vrai). « Il va sans doute falloir passer par un appel d’offres pour identifier le promoteur », envisage Dominique Peljak. Ici aussi, une grande prudence habille le propos alors même que l’identité du futur opérateur ne fait presque aucun doute. Ce concept d’hôtel hospitalier repose sur le modèle porté par Seclem GGL Santé. Cette société montpelliéraine est dirigée par Clara Chaperon-Navarro, la fille du professeur Francis Navarro, grand architecte de cette solution d’hébergement déjà en vogue en Europe du nord. Ne pas citer Seclem GGL Santé répond très certainement à la rigueur imposée par le code des marchés public. Convenons-en : nommer le lauréat avant même de lancer un appel d’offres, « sans doute ces prochaines semaines », ferait désordre.
- La municipalité soutient le projet
VRAI. Du côté de la ville administrée par Pierre Cuny, les feux sont déjà au vert. Pour preuve, l’emprise dévolue à ce projet fait l’objet d’une promesse de vente déjà conclue avec Seclem GGL Santé. Programmé pour être construit en face de l’hôpital Bel-Air, l’établissement s’intègre pleinement dans le second volet de l’opération de renouvellement urbain du quartier Côte des Roses-Bel Air. Pour rappel, cette nouvelle salve d’investissements prévoit de mobiliser 44 M€.
- Le concept ne trouvera pas sa patientèle
FAUX. Pour Pierre Cuny, l’ancien chef de service en diabétologie, par ailleurs vice-président du conseil de surveillance du CHR Metz-Thionville , les bienfaits de cette infrastructure novatrice sont évidents : « Cela apportera plus de confort aux patients et à leurs accompagnants dans le cadre de soins ambulatoires, introduit-il. La formule s’adressera en priorité à la patientèle qui réside à plus de 30 km de Thionville. »
À ceux qui douteraient de l’attractivité de ces séjours de courte durée pour un hôpital de proximité, Pierre Cuny leur rétorque : « Comme pour le télétravail, que je plébiscitais bien avant le succès rencontré depuis le Covid, la nouveauté fait peur. Avec le développement de la chirurgie ambulatoire, cette prise en charge hôtelière, c’est l’avenir. » Un point de vue partagé par Marie-France Oliéric, responsable du service de gynécologie obstétrique : « C’est le bon moment pour trouver des moyens innovants.»
« Tout lit occupé est un lit pris pour quelqu’un d’autre à l’hôpital », image de son côté Dominique Peljak. Alors autant libérer ceux qui ne requièrent pas un suivi médical de tous les instants.
- L’offre d’hébergement ne se limitera pas aux patients du CHR
VRAI. À ce stade, le nombre exact de logements destinés aux patients du CHR n’est pas connu : « Une quinzaine sans doute », avance Pierre Cuny. En revanche, c’est une certitude : la structure abritera également des étudiants et du personnel soignant. À noter qu’une boulangerie est prévue au rez-de-chaussée ainsi qu’un centre de soins.