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Florange : Lionel Burriello, du combat syndical à la politique


Lionel Burriello : « La politique c’est apporter par ton engagement quelque chose à quelqu’un d’autre. Ça ne doit pas être un fonds de commerce. » (photo Armand Flohr / RL)

Jeune sidérurgiste à la fermeture des hauts-fourneaux, Lionel Burriello s’est peu à peu imposé comme une figure de la CGT et du combat des Mittal à Florange. Son besoin d’engagement l’amène désormais sur le terrain politique.

En 2012, au pied des hauts-fourneaux à l’arrêt, devant l’usine bloquée, Lionel Burriello raconte, face aux caméras de France 2, le combat des militants de Florange contre Mittal. Posément, sans « gueuler dans un mégaphone », le jeune sidérurgiste réussit à faire passer un message clair et fort, à transmettre la colère des ouvriers. Dès lors, le syndicaliste CGT s’impose comme une nouvelle figure du conflit médiatique des « Mittal ».

En douceur, hors des guerres d’égo qui ont animé d’autres centrales syndicales, il est élu secrétaire général de la CGT en plein cœur de ce conflit social historique. « C’est quelqu’un de posé, très à l’écoute. C’est lui qui devait être là à ce moment-là. Il n’est pas venu toquer à la porte des instances, nous sommes venus le chercher , confie Claudie Trzeciak, ancien délégué syndical CGT.

À 35 ans, Lionel Burriello n’est pourtant pas un militant de longue date. « En 2009, les hauts-fourneaux ont été mis en veille, on n’était plus là que pour allumer la machine à café…, raconte le haut-fourniste. J’étais très critique contre les syndicats. Un ancien m’a juste dit : si t’es pas content t’as qu’à t’engager… Le lendemain j’ai pris ma carte. » Un engagement sur un coup de tête mais pas tout à fait par hasard.

« Même si on n’en parlait pas à la maison, je suis d’une famille très à gauche ». Sa mère est née à Porto, son père est Italien. « Mes parents m’ont toujours dit : la France nous a accueillis, tu dois par ton travail redonner ce qu’elle t’a offert. » S’il se dit croyant sans être pratiquant, certaines valeurs religieuses comme « aider son prochain, être ouvert aux autres au-delà du cercle familial » l’ont aussi marqué.

Et le gamin de Cattenom a du caractère. Adolescent tendance anarchiste, « je me suis assagi depuis », il rate son bac S mais décroche en un an le sésame au lycée professionnel de Knutange. Il ne coupera pas à dix mois de service militaire avant d’embaucher comme dépanneur mécanicien aux hauts-fourneaux d’ Usinor. « Le psychologue de l’entreprise avait pourtant souligné que je pouvais avoir un caractère rebelle… », s’amuse-t-il.

Son premier jour sur le plancher de coulée ? « On va pas se mentir j’avais juste envie de me barrer. Mais j’ai aussi tout de suite ressenti quelque chose de fraternel, une cohésion entre les hommes face à un métier ingrat. » Il passera douze ans dans le haut-fourneau et refuse encore d’en faire le deuil. « Ce n’est pas de la nostalgie, mais ça reste le souvenir des plus belles années de ma vie professionnelle ».

Détaché syndical pour un mandat de trois ans, il est pourtant comme un poisson dans l’eau dans ce nouveau rôle. Face à la direction du groupe sidérurgique mais aussi face aux médias et aux politiques, Lionel Burriello met un point d’honneur à maîtriser ses dossiers. « Les mots sont importants. Tu peux montrer une colère en choisissant les bons mots et jusqu’à preuve du contraire, « merde », c’est dans le dictionnaire. Mais tu dois être armé pour faire passer le message, ne pas te retrouver en porte à faux ».

Concentré avant une prise de parole, il apparaît vite décontracté, direct, convaincant. Seul un battement de pied nerveux trahit l’intensité du combat dans lequel il s’engage, par conviction et par choix de vie. « Je prends plaisir à militer. J’ai besoin de faire pour l’autre, mes enfants, ma famille mais aussi pour l’autre que je ne connais pas. » Une envie qui trouvera sa place sur le terrain politique même s’il refuse de se voir coller une étiquette partisane. « Je me sens bien dans ce qui a pour objectif de fédérer, de rassembler. »

En 2014 il suit Bertrand Mertz pour l’élection municipale thionvilloise. En 2017, il votera pour Jean-Luc Mélenchon avec qui il a gardé des liens depuis une rencontre à Florange. « C’est d’abord une question de rapport humain. Ni l’un, ni l’autre ne m’ont demandé de poser pour une photo ou d’adhérer à un parti ».

Engagé dans le mouvement La France insoumise, il devrait être candidat aux prochaines législatives sur la 8e circonscription. S’il se défend de toute naïveté, il se veut optimiste. « Laissez-moi croire en ceux qui proposent de changer les choses, s’ils n’ont ni casseroles ni bilan désastreux. »

Lucie Bouvarel (Le Républicain lorrain)