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Fillette violée à Talange : la mère et le prédateur condamnés


Brigitte Harmand-Colette, avocat général, avait requis 30 ans contre les deux accusés. (Photo RL/Anthony Picoré)

La cour d’assises de la Moselle a condamné lourdement le prédateur sexuel de Talange et la mère d’une fillette de cinq ans. Ils écopent respectivement de 30 et 25 ans de prison.

Son ombre a plané au-dessus de la cour d’assises. Et puis elle a fini par prendre vie. Vendredi, la frimousse de la petite victime de deux monstres – le mot a été repris par toutes les parties – est apparue sur des photos. « Il est important que cette petite fille soit au cœur des débats », note Me Rémi Stéphan, avocat du père de la fillette qui avait 5 ans lorsqu’elle a été livrée par sa mère, en 2012, à l’appétit sexuel d’un prédateur sexuel terré à Talange.

Tout le monde est d’accord : la fillette est plus importante que les timides explications et aveux des deux accusés. « Est-ce qu’il y a quelque chose à comprendre, d’ailleurs ? », grince l’avocat général, Brigitte Harmand-Colette.

Plus importante que les condamnations tombées vendredi soir : 30 années de réclusion criminelle, avec une peine de sûreté de 20 ans pour l’homme de 37 ans, 25 années pour la mère, une Vosgienne âgée de 33 ans, complice aveuglée par son amour et déchue de son autorité parentale.

«C’est une chouette petite fille»

La vérité de cet effroyable dossier, c’est d’abord l’innocence volée à cette enfant « timide, mais si souriante », décrit Me Stephan. « Une petite fille souillée par ces deux-là », assène Me Béatrice Founès, autre avocate des parties civiles. « Regardez ce bout de chou ! En 2012, elle mesurait 1m15 pour 18 kg. Vous l’imaginez avec cet homme sur elle ? », s’indigne l’avocate générale.

« Il l’empale pendant dix ou quinze minutes. Elle hurle, alors il lui met la main sur la bouche pour qu’elle arrête de crier, poursuit Me Stéphan. La petite a mal et elle voit alors sa maman ! »

Les avocats des parties civiles livrent tour à tour ce récit glaçant. Me Stéphane Viry : « Elle crie un mot. Maman ! Elle l’implore d’intervenir pour arrêter tout ça. Mais elle la bâillonne à son tour ! À l’évidence, l’enfant croise le regard de sa mère quand celle-ci lui tient les jambes pour que l’autre continue son horreur. Et de cette horreur reste un corps mutilé. »

Me Stéphan : « Cela a duré une dizaine de minutes, une éternité de douleurs qui laisse cette petite de 5 ans avec une plaie profonde. Pourtant, à ce moment-là, personne ne l’emmène chez le médecin. » « C’est la négation totale de l’humanité de la petite », considère Me Viry.

La vérité de ce sordide dossier, c’est aussi l’avenir de cette fillette. « Les conséquences des sévices sont inquiétantes. Physiquement déjà. Le chirurgien qui l’a opérée l’a expliqué : on ignore si elle pourra vivre pleinement sa vie de femme plus tard et si elle pourra avoir des enfants », prévient Me Viry. « Le papa a peur pour sa fille. Elle commence à poser des questions. Elle aimerait savoir pourquoi sa mère a fait ça, pourquoi elle est tombée amoureuse d’un tel homme , selon Me Stephan. Des questions sans réponse… »

Malgré ses souffrances, et c’est sans doute la grande leçon de cette affaire, l’enfant est quand même debout. « On ne peut que s’incliner devant son courage », répètent plusieurs fois Me Virginie Weber et Me Alexandre Gantois, avocats du prédateur. « Elle avance. Elle recommence à sourire , rassure son avocat, Me Viry. Le 2 août 2012, les accusés ont essayé de la déshumaniser, d’effacer la vie qui brûlait en elle. Pourtant, aujourd’hui, je tiens à le dire, c’est une chouette petite fille. »

Kevin Grethen (Le Républicain Lorrain)