Ce n’est plus un débat, mais un fait prouvé scientifiquement : les feux d’artifice sont une véritable torture pour nos amis les bêtes.
Chiens, chats, mais aussi oiseaux, gibier, chevaux, vaches… Les détonations assourdissantes, qu’ils n’identifient pas, causent chez eux stress, anxiété et mouvements de panique, voire pire, des crises d’épilepsie et de terreur. Et que ce soit à la maison, dans les élevages ou en forêt, l’enfer est partout. Chez nos compagnons à quatre pattes, mais aussi chez les animaux d’élevage, les accidents sont courants : désorientation, fuite, animaux blessés car ils paniquent et se tapent la tête au mur pour fuir… Chaque année, les vétérinaires et de nombreux particuliers témoignent de cette souffrance pour nos amis les bêtes.
«Certains animaux sont très réceptifs, paniquent et se blessent en essayant de fuir. C’est plus courant chez les chiens que chez les chats, explique Rachel Weber, vétérinaire à Habay. On retrouve parfois même des animaux enfuis à des kilomètres, quand ils ne se sont pas fait renverser. Et si on les retrouve.» Certains animaux, surtout les chiens, peuvent même avoir des crises d’épilepsie pouvant conduire à la mort de l’animal. «Un pétard, ça va. Mais dix minutes de détonations dont ils ne détectent pas la cause, ils sont terrorisés.»
Il y a aussi les chevaux et les vaches qui y sont très sensibles et chez qui de nombreux incidents ont été relayés. En intérieur, ils peuvent devenir fous et se taper la tête contre les murs. «J’ai moi-même des chevaux et je dois rester avec eux, les rassurer. L’an dernier, l’un d’entre eux grimpait au mur comme un fou pour s’échapper», raconte Rachel Weber.
Des victimes silencieuses
Même constat en extérieur, où les flashs lumineux s’ajoutent aux détonations. Il n’y a là rien à faire, à part espérer, et aller voir le lendemain. «La combinaison bruit et lumière est terrible, et de nombreux chevaux ou animaux de bétail s’enfuient ou se blessent en courant dans les prairies et en se heurtant. Il ne faut pas oublier que l’ouïe de tous ces animaux est bien plus fine que la nôtre et qu’en plus, ils ne comprennent pas. Ce phénomène s’observe aussi pendant les chasses.» Un dernier problème est soulevé par la vétérinaire : la contagion de l’angoisse. «Si l’un panique, il va faire paniquer les autres et là, on peut assister à des crises ou des mouvements de peur vraiment dramatiques.»
Si le phénomène est plus difficilement observable en milieu sauvage, il est bien présent, à la fois à cause des détonations mais aussi des lumières. «Les feux d’artifice étant tirés de nuit, on ne voit pas ce qu’il se passe dans le ciel ou dans la forêt sur le moment, les animaux qui fuient, donc les gens ne s’en rendent pas compte. Mais on voit les dégâts le lendemain», explique Philippe Brasseur, qui dirige le Creaves d’Hotton (centre de revalidation pour animaux sauvages) avec son épouse. «On retrouve des animaux désorientés, parfois en plein village, des oiseaux tombés du nid ou écrasés au sol.» Car les détonations poussent les oiseaux à quitter leur nid et, pris de panique, à prendre leur envol dans le noir. Peu d’entre eux sont habilités à voler de nuit et finissent souvent morts au sol, tombés d’épuisement ou après avoir percuté quelque chose. «Le bruit et les lumières causent un stress certain, les animaux ont l’ouïe très fine.»