« L’âme du Festival du film italien de Villerupt est toujours là. » Ce sont les organisateurs qui le disent. La 40e édition est l’occasion d’un état des lieux.
« Il faut arrêter avec les mamas ! Quelques jeunes ont pris le relais à la MJC d’Audun-le-Tiche, mais cela demande beaucoup de travail, de faire des pâtes à la main. Je crois qu’on a trouvé la bonne solution. Plusieurs spectateurs nous ont dit que la restauration – assurée par des professionnels – est de très bon niveau, notamment à la piscine de Micheville, salle Jean-Moulin à Audun-le-Tiche. » Antoine Compagnone ne voit plus l’intérêt de remettre d’année en année sur la table la question de la restauration du Festival du film italien de Villerupt, dont il est le délégué général. Parce que bien d’autres critères permettent de mesurer les développements et changements de la manifestation, qui en est à sa 40e édition en 41 ans.
En 1976, un groupe de descendants d’immigrés italiens est à l’origine de cette aventure. La première édition présente 17 films dans trois salles, qui comptabilisent 5 000 entrées. En 2017, 70 films dans sept salles officielles, plus de nombreuses séances en décentralisation en région Grand Est, rassemblent 40 000 spectateurs. « En 1982, ce chiffre de 40 000 était déjà atteint. Mais il y a vingt ans, la volonté d’amener le festival dans une voie plus professionnelle, affichée depuis les années 1980, se concrétise enfin. »
Actuellement, trois permanents travaillent à l’année sur l’organisation, rejoints par sept autres, durant deux mois à l’approche d’octobre, plus une centaine de bénévoles. « Jusque-là, c’était uniquement du bénévolat, et les personnes ressentaient une certaine usure. »
La « vibration »
Le côté professionnel de l’opération s’accompagne de l’augmentation du budget, passé de quelques milliers de francs à 500 000 €, dont 40 % de subventions publiques. « C’est un bon point pour nous, les sponsors sont plus importants. » L’argent permet la rémunération des salariés, mais aussi, par exemple, l’arrivée d’une trentaine d’équipes de films, qui viennent « ressentir l’aspect populaire de ce qu’on fait. »
Tout le monde n’est pas d’accord avec Antoine Compagnone sur ce point. Certains avancent le fait qu’aujourd’hui moins de 10 % des spectateurs viennent du territoire, alors que les Villeruptiens étaient majoritaires il y a 41 ans.
Mais le curseur se situe encore du bon côté, en comparaison de festivals de cinéma plus élitistes. C’est François Caillat, réalisateur reconnu travaillant notamment pour Arte, et membre du jury 2017, qui le dit. Le natif de Villerupt a ressenti ici « une vibration incroyable, jamais vue ailleurs ».
« Les Italiens du territoire qui avaient un lien fort avec leur culture d’origine sont décédés. Et les jeunes ont moins d’attrait pour leurs racines. Du coup, on a plus de cinéphiles qui viennent de Metz, Nancy ou de plus loin. Cela tient aussi à ce qu’on propose : films d’auteur, comédies sociales, et pas ou peu d’action et d’effets spéciaux. Et puis, c’est de l’italien sous-titré en français. Cela demande un effort », explique Antoine Compagnone. Reste que le Festival est devenu d’envergure nationale, voire internationale. « Le ministère de la Culture transalpin ou la Cinecitta nous qualifie de premier festival de cinéma italien d’Europe. Et ça, ça compte. »
Festival du film italien de Villerupt jusqu’au 12 novembre. www.festival-villerupt.com