Deux cadres techniques et un chargé d’affaires du bailleur social LogiEst (15 300 logements) auraient favorisé des proches dans des marchés de construction, de rénovation et d’entretien-réparation.
La justice n’est pas encore saisie mais elle pourrait l’être dans « les jours à venir », confirme Yann Chevalier, directeur général de LogiEst.
Le bailleur social messin (15 300 logements, 270 collaborateurs, 5 agences en Lorraine et en Alsace) enquête depuis le début de l’été « en interne » sur les agissements de trois de ses salariés, dont deux cadres haut placés. « Des problèmes ont été mis au jour à la direction technique et c’est pour cela que nous avons diligenté un contrôle. Il y avait des suspicions de manquements déontologiques », assure le directeur général.
En réalité, deux des trois hommes, l’adjoint à la direction technique et un chargé d’affaires auraient favorisé des entreprises proches d’eux. Cette première investigation discrète a conduit à la suspension du chargé d’affaires et à la rétrogradation de l’adjoint à la direction technique responsable de la maintenance dans le courant de l’été.
D’autres « découvertes » font remonter l’affaire d’un niveau : celui du directeur technique, homme-clé de la direction de LogiEst. Fin octobre, il a subi une mise à pied conservatoire, toujours en cours, dans l’attente d’un entretien préalable à son licenciement.
« Nous avons souhaité établir clairement les faits avant d’engager d’éventuelles poursuites pénales. Nous déposerons plainte si besoin dans les jours à venir. Evidemment, mes collaborateurs bénéficient de la présomption d’innocence », tempère Yann Chevalier, dont l’entreprise bruissait de rumeurs ces dernières semaines, créant un « étrange climat de suspicion », selon un salarié.
Des centaines de milliers d’euros
Selon nos informations, les marchés douteux, qui auraient fait l’objet d’arrangements entre les cadres et des entreprises amies, atteindraient plusieurs centaines de milliers d’euros. Ils concerneraient les activités principales de LogiEst : la construction neuve, les lots de réhabilitation, ainsi que l’entretien et les réparations. Des marchés pour des travaux réalisés en Moselle mais plus globalement en Lorraine.
« Nous n’avons pas le détail exact. Certains lots en entretien, par exemple, se rapportent à un immeuble », assure le directeur général, qui souhaite « défendre sa société ».
Faute d’enquête pénale en cours, il est difficile de dire dans quelle mesure les personnes incriminées auraient bénéficié de ces arrangements. Ainsi, y a-t-il eu enrichissement personnel de l’un ou l’autre des salariés ? « Pour l’instant, nous n’écartons aucune hypothèse », essaie le directeur général. Un cabinet d’avocats planche depuis plusieurs semaines sur le règlement du contentieux professionnel entre les salariés et leur employeur, mais également sur une plainte pénale. « Je profite de vos questions pour dire qu’il s’agit de comportements individuels. Nous avons une charte déontologique depuis deux ans et nous tenons à rassurer nos partenaires sur notre engagement pour la faire respecter », promet le directeur général.
Il aura certainement eu l’occasion de s’expliquer avec les représentants du personnel dès ce vendredi matin dans le cadre d’un comité d’entreprise extraordinaire organisé à Metz et « entièrement consacré au sujet ».
Alain Morvan (Le Républicain lorrain)