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Fameck : Adel Mimèche, un an plus tard l’impossible deuil


La famille d’Adel aurait aimé organiser un hommage en rassemblant tous les proches. Le contexte sanitaire ne le permet pas. (Photo RL/Philippe Neu)

L’été dernier, Adel Mimèche, 17 ans, s’effondrait sur un parking de Fameck, victime de coups de couteau mortels. Un an après, sa famille peine à se relever. Le chemin sera long, avec l’espoir que la vérité soit faite sur les évènements qui ont conduit au drame. Rencontre.

La respiration en bord de Méditerranée s’est achevée voici quelques jours. La famille Mimèche peine à prononcer le mot «vacances». Rachida, Mohamed et leurs deux enfants ont perdu toute forme de légèreté l’été dernier. Le 31 juillet 2019, le plus jeune de la fratrie, Adel, 17 ans, recevait des coups de couteau mortels sur un parking proche de la Cité des Sports de Fameck en tentant de s’interposer dans une bagarre.

Un geste à son image : «Un garçon qui voulait le bien. Serviable», souffle un membre de la famille. «Qui aidait toujours les autres.»

Ce jour-là, les parents d’Adel, sa sœur et son frère, sont morts aussi. De l’intérieur. «Mon corps s’est vidé», murmure son papa alors que les yeux de son épouse, droite et silencieuse dans son habit émeraude, se brouillent. Un an après le drame, la religion apaise l’âme et les cœurs, dit la famille, mais la souffrance perdure.

Insupportable. Le grand gaillard que ses copains appelaient «le mutant», qui rêvait de faire carrière dans le foot, a laissé une trace indélébile. Imposant par la taille, mais «toujours le bébé de la maison», confie Himène, sa sœur de 23 ans. Toujours «protectrice».

Adel continue d’exister à travers les mots et les photos. «C’était un vrai gentil, au sens noble du terme», décrivent ses proches. (Photo RL /Philippe Neu)

«La vérité sur ce qui s’est passé»

Un an après, jour pour jour, cette famille brisée accuse le poids de la solitude et la lourdeur des démarches. «On aurait apprécié que les associations et institutions de Fameck nous tendent la main. Prennent simplement de nos nouvelles. Personne n’a franchi la porte.» Mais une juriste de l’Association thionvilloise d’aide aux victimes a été un soutien précieux. «Une lumière» dans ce cauchemar.

«On vit avec un manque permanent. Son visage, son sourire, ses coups de téléphone… Il était la joie de vivre, il mettait l’ambiance à la maison !», parvient à balbutier son papa hanté par l’image d’un fils ensanglanté, luttant pour se relever. L’agitation dans l’ambulance, les médecins en nage. Puis l’hôpital, les dernières caresses, le nez enfoui dans ses cheveux. Jusqu’à la dernière seconde.

Alors en Algérie aux obsèques de son père, Rachida avait attrapé le premier avion pour affronter l’inimaginable. Revoir son fils à la morgue. «Il était beau. Je suis heureuse de l’avoir vu une dernière fois», confie-t-elle avec un doux sourire. Plusieurs fois par semaine, elle se recueille sur sa tombe.

Viendra le temps du procès. Une autre épreuve. Dans l’intimité de ce foyer soudé, dominé par le souvenir d’Adel, on redoute la sentence, «que la justice soit faite à moitié. On aimerait la vérité sur ce qu’il s’est réellement passé.»

Dans le salon, Ghani, un an et demi, promène ses cuisses potelées autour de la table, quémande un baiser. La vie, malgré tout, continue.

Joan Moïse (Le Républicain lorrain)

Pour aller plus loin : page Facebook « Justice pour Adel »

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