«Personne ne me demande mon avis.» Fabien Engelmann, le maire de Hayange, refuse catégoriquement le tracé alternatif proposé par son homologue florangeois.
Avant de proposer son tracé alternatif de l’A31 bis via les friches industrielles de Hayange, Michel Decker, le maire de Florange, vous a-t-il consulté ?
Fabien Engelmann, maire FN de Hayange : « J’ai reçu Michel Decker et son adjoint Alain Heyer dans mon bureau, en 2015. J’avais été très clair, en leur disant qu’en aucun cas, nous ne voulions de l’A31 bis à Hayange. Ensuite, plus de nouvelles. Après, nous apprenons dans la presse sa proposition de tracé alternatif. C’est du bla-bla pour pas grand-chose. Rien n’a été décidé en ce sens dans le rapport de l’État rendu en février. C’est pour cette raison que je n’ai pas réagi avant. »
Que pensez-vous de ce tracé ?
« Rajouter un tronçon supplémentaire ne ferait que déplacer vers Hayange le problème d’engorgement subi à Thionville. Notre ville a déjà un viaduc qui surplombe la cité, qui est polluant et bruyant. Pour le tracé alternatif de M. Decker, il serait nécessaire d’en construire un deuxième. Hors de question, quand on sait qu’il faudrait encore couper des arbres. Quel désastre environnemental pour envoyer toujours plus de voitures vers le Luxembourg. »
Techniquement, ce projet serait-il possible ?
« Non. Ces terrains sont toujours sous cocon. Je crois qu’on veut noyer le poisson. On veut faire un tracé à la va-vite. Les discussions vont durer et dans dix ans, nous en serons toujours au même stade. »
Soutenez-vous les Florangeois, qui risquent de voir leur ville coupée en deux ?
« Bien sûr, je soutiens les habitants et l’action du maire pour défendre sa ville. Si nous défendons le bien-être des Florangeois, nous défendrons encore plus ardemment celui des Hayangeois. Il n’est pas question de déplacer les nuisances vers Hayange. »
Pensez-vous que les réflexions de l’État ont été menées dans les bonnes directions ?
« Non. On aurait dû vraiment avoir un débat de fond sur les solutions alternatives pour aller vers le développement durable, la défense de l’environnement et pour la qualité du transport des travailleurs frontaliers. »
Vous pensez au covoiturage ?
« Beaucoup de travailleurs frontaliers ont des voitures de service ou de fonction. Tant mieux pour eux. Il n’y a pas vraiment de covoiturage. À Hayange, nous allons ouvrir la première tranche de parking sur la Platinerie. 500 places gratuites destinées à désengorger le centre ville. Une partie en zone bleue, une autre pour le covoiturage. Dans la foulée, nous souhaitons, avec le service Communication de la Ville, mettre en place sur le site internet de la commune une plate-forme d’échanges à destination des usagers du covoiturage, afin de les mettre directement en relation entre eux. »
Selon vous, le « tout routier » est-il la bonne solution ?
« Je suis contre l’A31 bis mais on peut développer l’A31. Je ne veux pas de contournement Ouest de Thionville, ni par Hayange ni par Florange. Pourquoi ne ferait-on pas une deux fois trois voies de l’A31 à partir de Richemont jusqu’à la frontière ? La troisième voie pourrait être réservée aux camions et aux transports en commun. J’ajoute que je suis opposé au péage. »
Que suggérez-vous pour aider les frontaliers, notamment à Hayange ?
« Outre notre projet de grand parking de covoiturage, il faut développer le ferroviaire. On a une gare à Hayange et des terrains disponibles alentour. On pourrait créer un parking réservé au covoiturage, avec un système de pass, et aux usagers du train. Cette extension permettrait une fréquentation plus importante de la gare. Nous pourrons ensuite discuter avec la SNCF pour développer intelligemment le ferroviaire. Quand vous montez dans le train à Hayange, vous allez soit à Longwy, soit à Thionville. Vous n’allez pas directement au Luxembourg. Je vais d’ailleurs prochainement adresser un courrier à M. Richert, le président de la Région Grand Est, sur le cas de la gare de Hayange. »
Aucun débat n’a eu lieu sur l’A31 bis à la Communauté d’agglomération du Val de Fensch. Déçu ?
« Effectivement, nous n’avons pas eu de débat au niveau de l’intercommunalité. Le président, qui est aussi le député socialiste de la circonscription, a pris position très tardivement. Dernièrement, il tend plutôt à défendre le tracé proposé par Michel Decker, sans m’en avoir jamais parlé. Je suis quand même le principal concerné. »
Propos recueillis par Michaël Sutter (Républicain Lorrain)