Recruter via son smartphone ou sa tablette ? Générer contrat de travail et fiche de paye via ce même smartphone ou tablette ? C’est le pari d’Ezbeez (prononcez « easy biz ») l’application mobile qui veut faciliter le travail.
L’idée semble un peu folle : recruter ou chercher un emploi en quelques clics. Est-ce bien raisonnable ? Pour Ugo Loustalet, cofondateur avec Manfred Olm de la toute jeune start-up messine Ezbeez, c’est non seulement raisonnable, mais pertinent : « Non seulement on facilite le travail, mais on réhumanise le processus de recrutement ». Fini les papiers, fini les tracasseries administratives et les envois anxiogènes de CV… L’application mobile, pour l’instant unique au monde, s’occupe de tout.
Sur Ezbeez (prononcez « easy biz », le business facile), entreprises et personnes en recherche d’emploi remplissent chacune leur profil. L’algorithme fait converger offre et demande, un peu comme le font certains sites de rencontres où chacun fait valoir ses qualités. Là, il s’agit de compétences professionnelles.
Mais Ezbeez va bien au-delà de la mise en relation, puisque l’application se charge de la déclaration préalable d’embauche, du contrat de travail, calcule le salaire brut employeur et peut même générer les fiches de paye. Au fil des contrats, employeurs et employés se notent et chaque utilisateur est accompagné d’un graphe de confiance à la façon Trip Advisor. Le tout pour des contrats qui vont d’une heure… au CDI, généralement sur des métiers très ciblés.
«L’idée est née d’une paresse intelligente et pragmatique», raconte Ugo Loustalet, après vingt ans de travail à l’étranger. La fastidieuse lecture d’une feuille de paye a servi de déclic. «Comment un artisan peut-il gérer à la fois son métier, des recrutements, leurs contractualisations, le code du travail ? Tout ça a un coût en temps et en argent. Passer par l’intérim est une solution, mais alors on n’est plus employeur.» Ezbeez « ubérisant » (du nom de l’application Uber, c’est l’idée d’un commerce consistant à mettre des ressources à disposition de clients via leurs smartphones, ndlr) le monde de l’intérim… on n’est pas si loin.
Manfred Olm, Grenoblois d’origine, s’est chargé de la conception technique de l’application : trois ans de travail, entre l’étude de marché et son lancement. Aujourd’hui, l’application en bêta test vit encore des améliorations permanentes.
480 000 €, dont 180 000 € de la BPI, ont permis le développement et la création de six emplois. Secteurs de l’événementiel et du nucléaire sont ses premiers clients.
L’étranger dans le viseur
«Mille abonnements pérenniseraient la société. 5 000, c’est ce qu’on vise dès l’année prochaine. Le potentiel est énorme avec plus de trois millions de TPE-PME en France et beaucoup d’offres d’emplois non satisfaites.» Ugo Loustalet multiplie les rendez-vous. Ministère du Travail, Pôle emploi, Urssaf lui auraient donné sa bénédiction.
Pour décrocher des contrats, il sollicite branches et syndicats professionnels. « Je travaille sur une levée de fonds de 10 M€ pour fin 2016 et veux lancer l’application sur le marché britannique. Cinq embauches supplémentaires en dépendent. »
«Ezbeez, c’est le projet de ma vie», consent Ugo Loustalet, 43 ans aux origines stéphanoise et du sud-ouest. «Mon père a participé à l’histoire des tickets restaurant.» Sa holding, propriétaire à 100 % du logiciel, est installée au Luxembourg. «J’avais sollicité Lyon mais Metz, avec ses locaux à Blida, est une meilleure opportunité.» Ezbeez parle aussi de développer une plateforme de conseillers clientèle, «toujours dans le but de simplifier le travail et le recrutement et répondre aux questions que chaque employeur se pose».
Laurence Schmitt