Quatre explosions ont fait trembler la commune de Mont-Saint-Martin, dans la nuit de mercredi à jeudi. Le standard de la police a été pris d’assaut par des habitants de la commune terrorisés par ces actes répétés. Selon les premiers éléments, les bombes artisanales seraient les mêmes que celles utilisées par la criminalité organisée.
Encore une nuit de terreur à Mont-Saint-Martin, au lendemain d’un point de situation des autorités sur la sécurité dans la commune.
Vers minuit trente, jeudi, une explosion est venue briser le silence. Une détonation si forte, accompagnée d’éclairs lumineux, qu’elle a été entendue à des kilomètres à la ronde. Aussitôt, le standard de la police a été submergé d’appels d’habitants pris de panique.
Une patrouille de police s’est rendue dans le quartier visé. Sur place, elle a découvert les restes d’un engin explosif qui avait été posé sur la chaussée. Les deux fonctionnaires ont aussitôt bouclé le périmètre et entamé les premières investigations.
Ils ont très vite compris qu’il s’agissait d’une bombe artisanale, «comme celle utilisée par la criminalité organisée ou durant les guerres civiles», affirme Cyril Baudesson, délégué départemental du syndicat Alliance police nationale 54.
En effet, la déflagration a été si violente que le bitume de la chaussée a été arraché, les maisons ont tremblé et sur certaines des morceaux de lambris ont été arrachés des façades. Tout comme des coffrets électriques pulvérisés. Des éclats ont même dégradé les vitres de voitures stationnées à proximité. Un utilitaire a été incendié.
La méthode lyonnaise
Alors que la police scientifique se rendait sur place pour y effectuer les investigations complémentaires , une deuxième explosion a retenti, plus loin quelques minutes plus tard. Puis une troisième et une quatrième. «On pense que les auteurs nous testent», affirme une source proche de l’enquête.
«Si c’est le cas, ils s’inspirent des méthodes lyonnaises. Celles-ci consistent à allumer des incendies aux quatre coins de la ville pour savoir combien de temps il nous faut pour nous rendre sur une intervention. Et combien de personnels nous pouvons déployer.»
Cyril Baudesson est en colère : «À Mont-Saint-Martin, la nuit dernière, seule une patrouille de nuit composée de deux gardiens de la paix était disponible. Cela démontre que nous souffrons d’un manque d’effectifs criant.» Une rencontre est prévue ce jour avec Françoise Souliman, la préfète de Meurthe-et-Moselle, pour lui faire part des craintes des policiers pour les jours à venir et surtout durant la période de fêtes.»
Le délégué Alliance police nationale 54 est clair : «Cette démonstration de force de la part des délinquants démontre que la violence a monté d’un cran. Que nous avons atteint un niveau de dangerosité tel que les autorités et la population ne se sentent plus en sécurité. Nous avons besoin de forces d’appui.»
Hypothèses
Plusieurs hypothèses émises peuvent permettre de comprendre cette intensification de la violence et de la provocation. La première serait une réaction des trafiquants de drogue aux opérations de police répétées qui mettent à mal leurs trafics.
Selon le commissaire Emé, patron des policiers du Pays-Haut, il pourrait s’agir aussi d’une guerre de territoire que se livrent les dealers. Ou encore l’expression de «la bêtise d’un groupe de personnes malintentionnées».
En tout état de cause, les autorités assurent qu’elles ne baisseront pas les bras et ne se laisseront pas intimider. Une enquête est en cours pour tenter d’identifier les auteurs de ces actes et des renforts policiers sont attendus pour garantir la sécurité des habitants.
Romuald Ponzoni