Parti le 1er avril de Metz, Jonathan Kubler, 42 ans, a atteint le toit du monde ce samedi 22 mai au petit matin au terme d’une ascension épique. Le toit du monde n’a pas résisté à ce couvreur de métier. Un exploit retentissant.
Il l’a fait ! Après plusieurs jours d’incertitudes et de blocages dans les camps jalonnant le parcours, en raison de conditions météo extrêmes, le Messin Jonathan Kubler a conquis l’Everest. Il était environ 4 h, heure française, 7 h 15, heure locale, lorsque son traceur GPS permettant de le suivre sur l’application Garmin Explore s’est stoppé sur le toit du monde, à 8 848 m d’altitude. Agrémenté de ce message : « Force et honneur. »
Jonathan Kubler a quitté Metz le 1er avril pour Katmandou, au Népal. Après plusieurs semaines passées à 6 000 m d’altitude à tutoyer les sommets himalayens, pour s’acclimater, l’alpiniste a vraiment démarré son ascension de l’Everest le 15 mai, lorsqu’il a quitté le camp de base. Sauf que sa progression vers le sommet s’est heurtée à des conditions météo dantesques. Elles l’ont obligé à passer des heures et des heures d’attente sous tente dans les différents camps. Vent jusqu’à 150 km/h, chutes de neige en pagaille, température allant jusqu’à moins trente degrés, rien ne lui aura été épargné.
« Un véritable enfer »
« La montée a été exténuante. Le vent souffle comme on n’a jamais vu et il fait un froid d’une rare violence. C’est un véritable ENFER. Les éléments sont déchaînés ici, pas de place pour l’être humain », écrivait-il le 21 mai lors de son arrivée au camp 4, le dernier avant le sommet. L’endroit est baptisé la zone de la mort, c’est dire son niveau d’hospitalité. Il y est resté quarante-huit heures, à quatre dans une tente pour deux, sa cordée n’ayant pas eu la force d’en monter plus « vu les conditions météo, le manque d’oxygène et la fatigue extrême, nos membres sont tétanisés », avait-il alors précisé.
Jonathan Kubler est encadré par une agence touristique népalaise spécialisée. Son aventure au coût de 50 000 € a été financée par des sponsors locaux, ravis de pouvoir hisser leur nom sur le toit du monde. Après avoir vu renoncer la plupart des membres de sa cordée , épuisés, souffrant du manque d’oxygène ou touché par le Covid pour l’un des Français, le Lorrain ne compte plus que trois coéquipiers. Il s’agit de deux Népalais venus en repérage dans l’optique de créer une agence touristique proposant l’ascension et le jeune français Jonathan Lamy, 24 ans, originaire de l’Ain, moniteur de ski à La Plagne et sapeur-pompier volontaire.
Adrénaline au maximum
Ce samedi 22 mai, vers 16 h, l’aventurier a envoyé ce message sur ses pages Facebook John Horn et Un Couvreur sur le toit du monde : « Nous partons à 20 h heure locale soit 16 h 15 pour la France. Nous prévoyons dix à douze heures de montée et d’efforts dans la nuit. L’adrénaline est à son maximum ! Notre mental également ! Nous arriverons pour le plus exceptionnel des levers de soleil demain matin vers 7 h (3 h du matin en France). Je vais voir toute la splendeur de notre monde de tout là-haut, j’ai une chance incroyable. » On ignore pour l’instant tout de ses conditions d’ascension. Le Messin est dans la descente, une étape toute aussi fatigante et cruciale. De retour au camp 4, il doit enchaîner sur le Lotshe, sommet voisin, le 4e plus haut du monde. Il ne sera en mesure de transmettre ses photos que dans quelques jours, lorsqu’il sera revenu à des altitudes moins hostiles.
Philippe Marque (Le Républicain Lorrain)