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Enquête rouverte 24 ans après un meurtre en Moselle


Michèle Even avait 25 ans. (photo RL)

Le procureur de la République de Metz exhume le meurtre de Michèle Even. Vingt-quatre ans après ce crime effroyable commis à Bénestroff, une enquête préliminaire a été ouverte.

La plainte n’est pas restée lettre morte. Portée par Hervé Even, qui n’a jamais abandonné l’idée de connaître un jour le meurtrier de sa femme, elle a reçu un accueil bienveillant du procureur de la République de Metz. Christian Mercuri a ouvert une enquête préliminaire. Charge désormais aux gendarmes du groupe criminel de la section de recherches de Metz de renouer le fil de ce crime mystérieux vieux de plus de vingt-quatre ans. « De nouveaux éléments imposaient qu’on n’en reste pas là », commente le procureur de la République.
51 coups de couteau

Reprenons depuis le début. Michèle Even est massacrée le 9 mars 1991, dans la cuisine de la petite maison familiale de Bénestroff, un village du Saulnois. A son retour du travail, son mari la découvre encore en pyjama, dans une mare de sang. La jeune femme de 25 ans a été égorgée. Le corps porte les traces de 51 coups de couteau. Une longue lame de cuisine est encore plantée dans le bas du dos. La tête a été fracassée à coups de bûches. Une scène d’horreur.

meurtre

Négligeant certaines autres pistes, les gendarmes et la justice de l’époque se concentrent sur le mari. Il n’y a pas l’ombre d’un élément contre lui, ni de mobile. Mais Hervé Even est renvoyé devant les assises de la Moselle parce qu’on « ne voit pas qui ça pourrait être d’autre », écrivent alors les chroniqueurs judiciaires, passionnés par cette affaire sordide. Le 30 mars 1996, Hervé Even est acquitté grâce au témoignage déterminant de la voisine qui habitait au-dessus du logement du couple. Le jour du meurtre, elle a été réveillée par un hurlement. Elle a regardé l’heure : 6h05. Les gendarmes ont bien essayé de lui faire dire qu’elle a pu se tromper entre les aiguilles de son horloge, la vieille dame est restée ferme.Voilà comment l’accusation s’est effondrée. Parce qu’à cette heure, Hervé Even était à l’ouvrage dans son entreprise de cercueils.

Problème de prescription

Plus jamais la justice ne s’est intéressée à ce crime par la suite. Jusqu’à ce qu’Hervé Even apporte des éléments concernant les déboires judiciaires d’un proche de la famille, condamné pour une histoire de harcèlement et de dégradations de véhicule commises pour attirer l’attention d’une collègue. Or, le couple Even avait porté plainte trois mois avant le meurtre pour des dégradations sur leur voiture. « Trois jours avant, on avait encore percé les pneus », se souvient le mari. Cela peut apparaître mince mais cela intrigue suffisamment le procureur de la République pour que de nouvelles investigations soient lancées. « Et ça, c’est déjà une grande satisfaction. C’était une opportunité à saisir pour connaître la vérité », considère le mari.

Son avocat, le bâtonnier Marc Hellenbrand abonde : « On pouvait craindre qu’il n’y ait pas d’enquête. Là, on a un véritable appui du parquet. Le signal est bon : le procureur juge crédible notre démarche malgré le mur juridique qui se dresse devant nous. » Celui de la prescription qui est limitée aujourd’hui à dix ans en matière criminelle. « La cour de cassation laisse néanmoins une ouverture avec un récent arrêt. Il y a, je crois, des choses qui doivent être affinées au niveau de la jurisprudence. »

Le procureur Christian Mercuri se montre aussi pragmatique : « Il y a le problème de la prescription, mais avant, il y a toutes les difficultés à travailler sur un dossier aussi ancien, sans éléments matériels. Et avec des témoins qui ne sont plus forcément là… »

Kevin Grethen