Pourquoi les femmes restent-elles toujours minoritaires dans les cursus scientifiques ? Stéréotypes, manque de modèles, construction sociale… Plusieurs facteurs alimentent le décrochage de nombreuses femmes avant même leur entrée dans le supérieur. À l’occasion de la semaine des mathématiques, on s’est penché sur la représentation des femmes dans les formations scientifiques en Lorraine.
Dans les établissements publics du Grand Est, 38 % des étudiants suivant un cursus scientifique sont des femmes. La région est en bas de classement, mais affiche une proportion plus importante que la Bourgogne-Franche-Comté, les Pays de la Loire, l’Auvergne-Rhône-Alpes et le Centre-Val de Loire.
Du 13 au 20 mars 2024 se déroule la semaine de mathématiques. À cette occasion, de nombreuses initiatives ont lieu un peu partout en France, dans les collèges, lycées ou encore les établissements supérieurs. Parmi les thématiques régulièrement abordées, la représentation des femmes dans cette discipline et plus globalement les sciences.
Invisibilisation des femmes et absence de modèles
Pourquoi les femmes restent-elles toujours minoritaires lorsqu’on parle de sciences ? Plusieurs mécanismes entrent ici en compte comme l’invisibilisation des parcours de femmes scientifiques et l’absence de modèles pour les jeunes filles.
«On a empêché les femmes d’accéder à des formations scientifiques et quand elles sont là, il y a une forme d’invisibilisation comme l’appropriation de travaux réalisés par des femmes par leurs collègues masculins», explique Sabrina Sinigaglia-Amadio, sociologue spécialisée sur les études de genre à l’Université de Lorraine. Ce phénomène est théorisé dans les années 80 par l’historienne Margaret Rossiter et porte un nom : l’effet Matilda.
Ces parcours de scientifiques aident pourtant à se projeter. «Si on demande à des enfants ou des adultes de citer des femmes scientifiques, après Marie Curie, ils ont souvent plus de mal à en citer d’autres», poursuit la sociologue avant d’ajouter que ce modèle «a obtenu deux prix Nobel, ce qui peut paraître très loin et assez inatteignable». À l’inverse, les modèles d’hommes « accessibles » sont plus nombreux.
Stéréotypes genrés et construction sociale
Dans les établissements publics de Lorraine, les femmes sont encore peu représentées dans les grandes disciplines liées aux sciences et sciences de l’ingénieur (34 %).
À l’inverse, on les retrouve plus nombreuses dans les spécialités «Lettres, langues et sciences humaines» (68 %), devant la «Santé» (64 %) et le «Droit, sciences économiques et AES» (59 %).
L’intérêt pour telle ou telle spécialité n’est pourtant pas le fruit du hasard. Pour la sociologue « le goût se construit socialement et dès la petite enfance, en fonction de ce que l’on va faire faire à ces enfants ».
Et là encore, les stéréotypes liés au genre ont la peau dure. « Les femmes seraient plutôt douées dans des espaces de communication, de soins, de prise en charge de l’autre lorsque les garçons ont des qualités qui seraient plus dans l’action, dans la technique », illustre la maître de conférence.
Un fossé entre les sciences de la vie et l’informatique
Au sein des sciences, les différentes disciplines n’observent pas les mêmes répartitions entre hommes et femmes. Dans les établissements lorrains, on note ainsi que 65% de femmes parmi les effectifs en sciences de la vie lors de la rentrée 2022-23.
Des clivages que la sociologue observe depuis longtemps en SVT et biologie où «l’on retrouve le rapport au corps, à la vie, au vivant d’une manière générale».
À l’inverse, les formations en informatique affichent des proportions très faibles (14 % dans les établissements lorrains). Cette discipline reste un cas particulier pour la sociologue, car initialement «les femmes étaient assez présentes dans l’informatique, mais il y a eu un changement de direction au moment où il y a eu des enjeux financiers, économiques très importants dans le domaine».
Des initiatives locales pour encourager les jeunes filles
Pour encourager les jeunes femmes à «oser les sciences», des initiatives sont mises en place localement par les établissements ou lors d’évènements comme la semaine des mathématiques.
La maître de conférence est ainsi intervenue en janvier lors d’un évènement organisé par le lycée Georges de La Tour à Metz sur les filles, les sciences et les mathématiques. La journée «visait à montrer aux jeunes filles, plein de femmes scientifiques qui ont eu des parcours très différents, mais aussi des parcours de réussite à différentes hauteurs, accessibles … des modèles réels».
Il semble que les jeunes générations optent pour ce qui nécessite le moins d’efforts, surtout intellectuels.
Or, les mathématiques, base de toutes les technique exigent une concentration qui demande un effort et des synapses bine connctés. Comme les écrans abêtissent au lieu de développer le cerveau, on a le résultat: de moins en moins d’ingénieurs, de plus ne plus de – mauvais – psychologues.