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En Lorraine, on teste le dépistage en mode drive


Le test, pris en charge par la sécurité sociale, est prescrit par un médecin aux personnes correspondant aux critères définis par le ministère de la Santé. (photo AFP)

« C’est désagréable, mais pas douloureux », prévient un technicien d’un laboratoire à Maxéville (près de Nancy) avant d’enfoncer délicatement un écouvillon dans la narine d’une jeune femme : munis d’une ordonnance, des personnes suspectant une contamination au Covid-19 peuvent se faire dépister en restant dans leur voiture.

Vêtu d’une surblouse bleue, de gants, de lunettes de protection et d’un masque, le technicien, Jaoid Zarfani, remet précautionneusement le long bâtonnet dans un tube. « Le prélèvement peut provoquer de la toux ou des éternuements, mais on a tout un attirail », sourit-il en désignant son équipement de protection.

Réaliser des tests à l’extérieur « est plus sécurisant et évite que des personnes contaminées entrent à l’intérieur » du laboratoire, ajoute le technicien. Celui-ci attrape du bout des doigts l’ordonnance de la patiente et regagne le laboratoire. Le tube contenant le prélèvement sera désinfecté, enfermé dans trois sachets hermétiques, puis envoyé dans un laboratoire d’analyses spécialisé. Les résultats seront accessibles 24 à 48 heures plus tard, par téléphone, courriel ou en se connectant avec des codes sur une plateforme.

« Rapide et rassurant »

Plusieurs laboratoires en France ont opté pour ce système du dépistage par prélèvement nasal réalisé au volant. « Cela permet d’éviter d’être en contact avec d’autres personnes », souligne Morgane, 25 ans, interne dans un hôpital de Moselle, qui a « de la toux, de la fièvre et plus d’odorat ». « Un médecin de mon service était positif, j’ai un arrêt de quinze jours si je suis positive », soupire la jeune femme derrière son masque.

« C’est rapide et rassurant de pouvoir rester dans sa voiture », résume entre deux quintes de toux une secrétaire médicale de 46 ans, dont les yeux maquillés sont fiévreux. Dans l’après-midi, un jeune homme de 30 ans, une brancardière de 44 ans et un médecin quinquagénaire sont notamment venus se faire tester, sur rendez-vous, sans sortir de leur voiture. La partie administrative est faite par téléphone. « Il y a beaucoup de personnels soignants », note Jaoid Zarfani en attendant le patient suivant sur le parking, baigné par le soleil et balayé par la bise.

Un cancérologue de 52 ans, atteint de troubles respiratoires chroniques, s’inquiète d’être en contact avec ses patients en étant porteur du virus. « C’est une question de responsabilité. Si je suis positif, je reste chez moi et je fais du télétravail et des téléconsultations. Je culpabilise d’envoyer mes collègues au charbon », explique-t-il, une attestation de déplacement professionnelle collée sur une vitre arrière de sa berline.

« Le virus est partout »

Le test, pris en charge par la sécurité sociale, est prescrit par un médecin aux personnes correspondant aux critères définis par le ministère de la Santé, comme entre autres « les personnes fragiles ou à risque » en raison de pathologies, « les personnes présentant des signes graves du Covid-19 » ou « les professionnels de santé présentant des symptômes évocateurs ».

En revanche, impossible pour des particuliers de venir se faire dépister sans prescription médicale. « On a une vraie demande. Tout le monde a envie de savoir, mais on a un stock assez limité », prévient Nicolas Desjardins, PDG de Synlab Lorraine, réseau de laboratoires d’analyses biologiques. « Si on se met à tester tout le monde, on n’aura pas assez de réactifs (agents pour révéler la présence de virus, NDLR) pour tout le monde et on peut faire perdre des chances à des patients » qui auront besoin de soins appropriés, souligne-t-il. « Le virus est partout », selon lui. « Quand on a des symptômes classiques, un mal de tête, la perte de l’odorat et des courbatures, on n’a pas besoin d’être testé, on est certainement Covid-19, donc on s’isole. »

LQ/AFP