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Employée d’un péage tuée à Saint-Avold : 7 ans ferme pour le conducteur de la voiture folle


Le péage de l’A4, à Saint-Avold, à l’endroit où s’est déroulé le drame le 13 août 2024, en soirée.

Le 13 août 2024, une employée de la Sanef qui évoluait à pied au niveau du péage de Saint-Avold, en Moselle, a été percutée par une voiture, volée quelques heures plus tôt.

L’audience se déroule dans une atmosphère lourde. Les bancs de la salle C du tribunal correctionnel de Sarreguemines sont occupés par des familles des victimes. Sur un chevalet, une grande photo attire les regards : un couple qui rit, enlacé. Le mari de la victime l’a posé là, face aux prévenus.

Ce mercredi, une affaire d’homicide involontaire aux circonstances particulièrement dramatiques était évoquée. Le 13 août 2024, une employée de la Sanef était tuée par une voiture folle au péage de Saint-Avold. Quatre prévenus comparaissent. Le premier est accusé d’homicide involontaire et est en détention provisoire depuis un an. Les autres doivent répondre de vol aggravé, faux témoignage ou communication non autorisée avec un détenu.

La présidente, Audrey Albertini, retrace le fil du drame. Le 13 août 2024, les caméras de vidéosurveillance de la Fédération des œuvres laïques de la Moselle captent le prévenu n°1 en train de dérober une voiture du type Citroën Berlingo.

Quelques heures plus tard, le véhicule force le péage de Saint-Avold. La voiture s’engage sur une voie déjà occupée par un motard qui rencontre des problèmes pour payer. Carine Weiler, 59 ans, employée de la Sanef, s’avance pour l’aider. Le véhicule volé surgit alors à environ 50-60 km/h et la percute de plein fouet. Elle est projetée à plus de 10 mètres.

L’examen médical évoque un traumatisme crânien majeur, des lésions multiples et un syndrome hémorragique. Le conducteur de la voiture folle prend la fuite vers Maroc. Il finit par se rendre quelques mois plus tard. « Ce sont des faits que je regrette. J’étais naïf, influençable », explique-t-il à la barre.

Il raconte ses fréquentations, son addiction à l’alcool après la mort de sa sœur en 2016, son permis retiré puis récupéré et encore suspendu et reconnaît avoir bu 50 cl de vodka avant les faits. Il jure ne pas avoir vu la victime. «Je pensais que c’était la barrière.»

Selon lui, le vol du véhicule avait été commandité par un complice, un trentenaire qui le suivait au moment du passage au péage. Ce complice était donc là immédiatement après le choc et filmait la victime. Il assure qu’il a voulu porter secours. «C’est la première personne qui est venue, mais pas pour aider. Je ne l’oublierai jamais, témoigne le motard du péage. Il me demandait “Fais quelque chose, fais quelque chose”, mais il n’y avait plus rien à faire.»

Le mari de la victime a pris la parole lors de ce procès. Il était au téléphone avec sa compagne juste avant les faits. Depuis sa disparition, il suit des thérapies et prend des antidépresseurs. «Elle était pleine de vie, s’émeut-il. On avait plein de projets, on voulait renouveler nos vœux à Las Vegas. Ils ont tué ma femme et toute ma famille. Je n’ai plus rien. Il ne me reste que mon chien. J’aimerais que ces personnes soient punies à la hauteur des faits commis.»

«Nous ne demandons pas vengeance, mais que la justice soit faite», plaide Me Frédérique Loescher, avocate des parties civiles. Me Liliane Glock, pour la défense, évoque l’enfance difficile du prévenu : sa sœur morte née dans ses bras, une mère absente, des décès de proches à la suite du Covid.

«C’est anormal de le condamner au maximum. Le message que vous envoyez, c’est de se barrer au Maroc et de ne pas revenir.» La représentante du ministère public a requis 10 ans d’emprisonnement ferme contre Bilal Ratbi, le conducteur de la voiture qui a tué Carine Weiler.

Ce mercredi en début de soirée, le tribunal a finalement prononcé une peine de 7 ans de prison à son encontre et interdiction de passer le permis de conduire durant cinq ans. Le complice du vol de la voiture écope de trente mois de prison dont six ferme sous bracelet. Les noms sont divulgués à partir d’un an de prison ferme.

Lorela Prifti
(le Républicain lorrain)

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