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Elle cherchait son père, elle trouve deux sœurs en Amérique


Le travail de recherches de son fils n’a pas été vain : à défaut de rencontrer son père, Jeanine a trouvé deux sœurs en mai dernier à Indianapolis. Photo DR

Au nom de sa mère Jeanine, Jean-Luc Magini a mené une enquête longue de plus de quatre décennies pour retrouver la trace de son grand-père américain. Cette quête s’est achevée en mai dernier à Indianapolis, sur la tombe de l’ancien soldat US et en compagnie des deux demi-sœurs de Jeanine. Happy end…

La bannière étoilée de l’Oncle Sam flotte au-dessus de ce pavillon soigné de Gavisse. Un jukebox trône dans l’entrée. En fond musical, un morceau de Johnny égaye ce dimanche ensoleillé. Jean-Luc Magini respire l’Amérique. Du sang US coule dans ses veines. Plus qu’une image, une réalité : «Je recherchais mon grand-père américain depuis 1981…»

Flash-back. Le début de l’histoire se situe au point de basculement de la Seconde Guerre mondiale. Claude B. Webb Jr, jeune soldat américain, échoue sur les rivages de Normandie. Avec son bataillon, il participe à la libération du pays. La marche conquérante passe par Metz.

Elle se prénomme Pierrette Vincioni. Réside à Hettange-Grande. Croise le soldat. Puis tombe enceinte. Le militaire est démobilisé peu avant la naissance de Jeanine, le 8 décembre 1945. Mister Webb, revenu au pays, souhaite que la Mosellane le rejoigne : «Ils ont correspondu plusieurs années. Il ne voulait pas s’installer en France, en raison du traumatisme de la guerre», rapporte Jean-Luc, le petit-fils donc. Pierrette refait sa vie, sans cacher à Jeanine l’identité de son père biologique.

Il visite tous les Webb d’Indianapolis

«Une obsession», souffle Sylvie, l’épouse de Jean-Luc. Dès 1981, il se met sur la trace de son aïeul. Militaire (lui aussi) de carrière, il déploie une stratégie d’envergure. Le député de l’époque est sondé, tout comme des connaissances luxembourgeoises au bras long. Il s’en remet également au roi cathodique de l’avis de recherche, Jacques Pradel. «Je lance aussi une procédure officielle, nommée démarche dans l’intérêt des familles.» Les pièces du puzzle renvoient l’image d’Indianapolis comme lieu de résidence du grand-père.

En 1993, Jean-Luc part avec sa mère dans la capitale de l’Indiana. À l’ancienne, il se saisit de l’annuaire téléphonique et se décide à visiter tous les Webb de la ville : «J’ai fait 1500 km en une semaine.»

Ironie du (mauvais) sort, il croise son parent lors de sa première recherche : «Je sonne à un pavillon. Un grand monsieur ouvre et m’écoute. Sa femme arrive et referme la porte en me disant qu’il n’y a rien à voir ici. J’avais le pressentiment que c’était lui.»

Autre occasion manquée au bureau des vétérans de guerre : «Je leur donne le matricule. Un homme revient avec une feuille et me demande pourquoi je recherche cette personne. Je lui dis la vérité. Il plie la feuille en quatre et refuse de me la donner sous couvert du respect de la liberté individuelle.» L’adresse était là, à portée de main…

Test ADN transformé

Retour en France avec cette obsession toujours chevillée au corps. Cette fois, Jean-Luc explore la voie scientifique : «Ma mère fait un test ADN. Dans la base de données, il y a une correspondance avec un certain Rick Webb.» Le frère du grand-père ne répondra jamais à ses courriers. Le test identifie une autre correspondance possible : «C’est Randall, un petit-cousin.» Randall, le sauveur. Cet ancien de la Marine met en relation Jean-Luc avec une certaine Pamela Webb. Le contact passe par les réseaux sociaux. Pam’ accepte un test ADN. Résultat : «C’est la demi-sœur de ma mère. Ma tante, en somme…»

2018 : le dénouement est proche. Le Covid retarde la rencontre. Ce n’est qu’en mai dernier que Jean-Luc et Jeanine retournent à Indianapolis. Double ration de bonheur : ils sont accueillis par Pamela et… Claudia, une autre demi-sœur. Des cousins débarquent du Tennessee. La famille est recomposée. Et le patriarche, dans tout ça ? Claude B. Webb a rendu les armes : «Il repose au cimetière.»