Capables de produire de l’électricité grâce à la force motrice de l’eau, les turbines constituent une alternative aux énergies fossiles. Selon le chercheur knutangeois Michel Mellet, la Fensch pourrait en accueillir une dizaine, pour une production estimée à 6 millions de kWh. De quoi éclairer toute la vallée.
La Fensch serait-elle une des clés ? Michel Mellet y croit. Installé à Knutange depuis quelques années, ce chercheur à la retraite est persuadé du formidable potentiel de la rivière. En écologiste convaincu, il se bat pour réduire la part des énergies fossiles. Selon lui, les technologies vertes permettraient non seulement de produire suffisamment d’électricité pour tout le monde, mais elles coûteraient aussi moins cher. « Une hydrolienne coûte deux centimes par kWh produit. L’EPR de Flamanville, c’est 22 centimes par kWh. »
Pour alimenter 3 500 candélabres et huit bus électriques
Fort de ce constat, il a sorti sa calculette. D’après ses estimations, une dizaine de turbines immergées dans la Fensch permettraient de produire jusqu’à 6 millions de kWh. Suffisant pour alimenter les 3 500 candélabres de la vallée, et les huit bus électriques de la future ligne à haut niveau de service. Et encore, c’est une estimation à la baisse. « Ce sont des calculs à partir d’un débit théorique d’1 m³/s ; or, la Fensch a un débit théorique de 2 m³/s. On peut encore augmenter avec les eaux d’exhaure. »
Ces turbines, produites en Normandie, fonctionnent comme des moulins. La force motrice du courant fait tourner des hélices autour d’un axe. Un moteur transforme cette énergie cinétique en électricité. Plusieurs collectivités ont déjà investi dans cette technologie : La Bresse, dans les Vosges, Aix-la-Chapelle (Allemagne) ou encore Zurich (Suisse).
« Il faut une volonté politique »
Convaincu de la faisabilité du projet, Michel Mellet est allé présenter ses plans à l’intercommunalité. Selon lui, les dix turbines coûteraient entre 500 000 euros et 600 000 euros, auxquels il faudrait ajouter les coûts d’ingénierie et de main-d’œuvre. Il indique également que les turbines n’auraient aucune incidence sur les risques d’inondation. « C’est un projet facile à réaliser, avec un retour sur investissement en trois ou quatre ans. Il suffit d’une volonté politique. »
Pour le chercheur, c’est tout le nœud du problème. Après quarante ans de carrière dans le génie physique et l’industrie pharmaceutique, il s’est forgé une conviction : « Tout est faisable. Le problème est simplement politique et financier. On investit dans ce qui est rentable », souffle-t-il. À 70 ans, lui n’attend plus rien. Il espère juste convaincre la collectivité de prendre la bonne décision. Cela attendra les élections.
Damien Golini (Le Républicain Lorrain)