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Élections en Sarre : premier scrutin test pour Merkel avant les législatives


Quelque 800 000 électeurs de ce petit État régional frontalier de la France ont commencé à partir de 8h à se rendre aux urnes pour renouveler leur Parlement régional. (photo AFP)

Angela Merkel et son parti conservateur affrontent dimanche un premier scrutin régional test en Sarre, à six mois d’élections législatives où les sociaux-démocrates requinqués paraissent en mesure de la faire vaciller après 12 ans de pouvoir.

Quelque 800 000 électeurs de ce petit État régional frontalier de la France ont commencé à partir de 8h locales (6h GMT) à se rendre aux urnes pour renouveler leur Parlement régional. Les bureaux de vote fermeront à 18h (16h GMT) et les premières estimations sont attendues dans la foulée.

Même si la Sarre ne représente que 1% de la population nationale, les résultats seront scrutés de près pour mesurer la capacité réelle des sociaux-démocrates à menacer la chancelière lors des législatives du 24 septembre. Alors qu’ils se traînaient en début d’année à 15 points du parti chrétien-démocrate (CDU) d’Angela Merkel, les sociaux-démocrates sont désormais au coude-à-coude avec lui dans les intentions de vote au niveau national à un peu plus de 30%.

Explication : l’arrivée à leur tête de l’ancien président du Parlement européen Martin Schulz qui, avec un cap clairement à gauche sur les questions sociales et un profil se voulant « proche du peuple », a remobilisé en un temps record l’électorat traditionnel du parti. La CDU est aux commandes depuis 18 ans en Sarre, ancienne région minière et ouvrière, et créditée de 35% à 37% des intentions de vote dans les derniers sondages. Mais le SPD la talonne localement désormais. Après être longtemps resté à 25%, il émarge depuis « l’effet Schulz » à 32% à 34% des voix dans les derniers sondages.

« La Grèce de l’Allemagne »

L’élection en Sarre sera d’autant plus suivie qu’elle ouvre une « super année électorale » 2017. Le 7 mai, les électeurs du Schleswig-Holstein (nord) se rendront aux urnes, avant surtout ceux de Rhénanie du nord-Westphalie (ouest), fief social-démocrate et région la plus peuplée du pays, une semaine plus tard. Puis le 24 septembre se tiendront les élections législatives, l’un des scrutins les plus attendus cette année dans une Europe en crise.

Et en Sarre, parfois surnommée « la Grèce de l’Allemagne » en raison de l’importance de son endettement, la CDU pourrait être éjectée du pouvoir même si elle arrive en tête dimanche soir. Car le SPD, partenaire minoritaire du gouvernement régional sortant, n’exclut pas cette fois-ci la formation d’une alliance avec la gauche radicale de Die Linke. Emmenée dans ce Land par son fondateur historique Oskar Lafontaine, Die Linke est créditée de 12% à 13%. Les Verts, en perte de vitesse dans quasiment tout le pays, pourraient se joindre à cette alliance s’ils se maintiennent au Parlement régional.

« Nous voulons devenir le premier parti de Sarre et la diriger car nous voulons faire bouger les choses, je suis optimiste », a déclaré Martin Schulz dans l’édition dominicale du journal Bild. Dans le même temps, il n’exclut pas une coalition du bloc des gauches au niveau régional. Un scénario, qui pour ses plus fervents promoteurs, pourrait servir de « répétition générale » avant une alliance de ce type en septembre au niveau fédéral. Cette option au plan national reste toutefois hypothétique en raison notamment de l’opposition de la gauche radicale, issue de l’ex-parti communiste de RDA, à l’Otan.

Nervosité dans les rangs conservateurs

Dans les rangs conservateurs, la nervosité commence à se faire sentir. Certains s’inquiètent du faible empressement de la chancelière à entrer en campagne. L’intéressée, au pouvoir depuis près de 12 ans, assure jusqu’ici que « la phase intensive » de la campagne « est loin d’avoir commencé ». Dans une campagne électorale, « il y a une phase où il s’agit de faire notre travail en menant une bonne politique – et nous sommes en plein dans celle-ci », a-t-elle souligné.

Outre le duel CDU-SPD, le score de la droite nationaliste sera suivi. L’Alternative pour l’Allemagne (AfD), bien qu’en recul dans les sondages par rapport à l’an dernier, pourrait entrer dans un nouveau Parlement régional, le 11e sur les 16 que comptent l’Allemagne.

Le Quotidien/AFP