Les militants anti-nucléaire estiment que le récent éboulement mortel sur le chantier du projet controversé d’enfouissement des déchets radioactifs à Bure (en Meuse) démontre son « infaisabilité technique ». Suscitant même l’inquiétude des autorités régionales allemandes.
L’éboulement dans une galerie à 490 m de profondeur, qui a fait un mort le 26 janvier, nécessite une « enquête approfondie », selon les associations anti-nucléaire. Ce grave accident « soulève de nombreuses questions qui doivent trouver réponse », affirment le Réseau sortir du nucléaire et la Coordination Bure-Stop, dans une lettre adressée à la ministre de l’Écologie, Ségolène Royal.
Le drame, « prévisible », selon les opposants au projet Cigéo, « démontre clairement que la soi-disant réversibilité de l’enfouissement et la prétendue stabilité de l’argile souterraine sont totalement illusoires ». Le collectif affirme en outre que le projet, récemment évalué à 25 milliards d’euros par Ségolène Royal, est en réalité « financièrement insoutenable ». Une telle estimation des coûts est « très loin du compte » : la facture de la « poubelle » du nucléaire s’établirait en fait près de 33 milliards, car il faudrait creuser au total 320 kilomètres de galeries dans l’argile de Bure. « Pour l’instant, seuls 1,6 kilomètres en modèle réduit ont été creusés dans le laboratoire, et déjà surviennent des éboulements imprévus aux conséquences tragiques », raillent les écologistes.
Sarre, Rhénanie et Luxembourg avaient exprimé des craintes
L’éboulement a même suscité l’inquiétude des autorités locales allemandes : le ministre régional de l’Environnement du Land de Sarre, situé à environ 200 km de Bure, a fait part dans un communiqué de sa consternation. « Voilà qui confirme nos craintes, nous avions déjà dit que la sécurité du lieu pressenti pour accueillir le site n’était pas suffisamment démontrée », a déclaré Reinhold Jost, pour qui « la rigueur doit passer avant la rapidité ». A son avis, il est « urgent de procéder à des études de longue durée sur la stabilité de la roche ».
Le responsable régional a rappelé qu’au cours du débat public mené en 2013, les autorités de Sarre, du land voisin de Rhénanie-Palatinat et du Luxembourg avaient déjà réclamé un approfondissement des études sur la géologie de Bure, pour éviter d’éventuels éboulements. Réclamant le droit d’être « largement associées » à la procédure d’autorisation du projet.